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Fertilisation raisonnée : l’agro-écologie pour réduire les GES

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A l’occasion des rencontres de la fertilisation raisonnée, l’agro-écologie était au cœur des projets de recherche. Très en amont, Terres Inovia travaille sur une méthode de calcul des émissions de NO2. Sur le terrain, l’ESA(1) d’Angers montre qu’on peut produire plus et mieux en associant légumineuses et céréales. Les douzièmes Rencontres de la fertilisation raisonnée et de l’analyse, organisée par le Comifer-Gemas (2), se sont tenues à Lyon les 18 et 19 novembre. « Ces rencontres sont une place forte de l’innovation, avec une approche agro-écologique très présente cette année », témoigne Jean-Marc Meynard, directeur de recherche de l’Inra. Recyclages de cendres industrielles, indicateurs sur la vie biologiques des sols ou encore association de cultures, les expériences visant à optimiser la fertilisation étaient riches. Terres Inovia travaille à un nouveau calcul des émissions de NO2 Pour estimer les émissions de dioxyde d’azote, la méthode de calcul du Giec (3) reste la plus utilisée. Elle tient compte des quantités d’azote apportées, qu’elles soient organiques ou minérales. « Cette démarche est simple d’utilisation, mais a le défaut de s’appuyer sur des données internationales, peu représentatives de l’agriculture française », explique Cécile Le Gall, ingénieure à Terres Inovia. Elle travaille à la création d’une méthode de calcul des émissions de NO2 propre à l’agriculture française, en intégrant le pH des sols et la pluviométrie. En comparant les deux modèles, il apparaît que les valeurs prévues par le Giec varient peu au cours des années. En revanche, les émissions calculées par la méthode de Terres Inovia fluctuent davantage. Des variations fortement corrélées aux précipitations. « Notre méthode estime plus finement les émissions », affirme Cécile Le Gall. Le modèle doit être validé sur toute la France. A terme, l’objectif est de rendre cette méthode utilisable pour la réalisation d’analyses de cycle de vie (ACV). Association de cultures : maintenir le rendement, préserver l’environnement Si la gestion de la fertilisation est un levier pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le mélange d’espèces l’est aussi. A production équivalente, le blé et le pois émettent 30 à 60 % de gaz à effet de serre en moins en association que quand ils sont implantés séparément, selon Christophe Naudin, chercheur à l’ESA d’Angers. Pas question pour autant de négliger la productivité. « A ressource initiale identique, on observe en moyenne 25 % de rendement en plus pour ces cultures lorsqu’elles sont associées », témoigne le chercheur, s’appuyant sur dix années d’expérimentation. « Ces associations sont plus efficaces lorsqu’elles sont conduites en conditions limitantes en azote », explique-t-il. Dans certains cas et à surface équivalente, avec des espèces pures, les mélanges de céréales et légumineuses réduiraient l’eutrophisation des cours d’eau jusqu’à de 77 %. (1) ESA : École supérieure d’agriculture (2) Comifer : Comité français d’étude et de développement de la fertilisation raisonnée Gemas : Groupement d’etudes méthodologiques et d’analyses des sols (3) Giec : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat