Fondation sur la biodiversité : bilan de quatre projets de recherche en agriculture
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La Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a présenté, le 14 décembre à Paris, les résultats de quatre projets retenus en 2011 pour bénéficier de financements de la part de Lu Harmony. La démarche du biscuitier, en partenariat avec la FRB, vise l’émergence de nouvelles approches pour mieux utiliser et préserver la biodiversité dans les espaces agricoles. « Depuis 2009, notre démarche comprend un volet dédié au financement de la recherche, via des démarches de terrain », rappelle Elodie Parre, responsable de Lu Harmony. Les quatre projets qui arrivent à échéance sont issus du second appel à projets mené par Lu et FRB. Ils ont permis d’explorer différents champs expérimentaux. La diversité des espèces cultivées pour limiter les intrants chimiques L’Inra et l’école d’ingénieurs AgroParisTech ont exploré différentes modalités de mélanges de variétés d’une même espèce sur une parcelle. « L’idée était d’identifier les types d’associations les plus à même de limiter la dispersion des champignons au sein d’une parcelle. Cela en variant la configuration du semis pour essayer de créer des barrières physiques et en jouant sur la complémentarité des variétés en fonction des résistances dont elles disposent », décrit Sébastien Saint-Jean, ingénieur à l’Inra. Les résultats montrent une réduction du nombre de lésions liées aux maladies fongiques pouvant atteindre jusqu’à 40 % dans des mélanges, par rapport à une culture semée seule. Les mix entre cultures ont également été abordés, avec des résultats plus contrastés : « Sur un mélange de type blé/pois, il y a un risque de créer un microclimat humide sur la parcelle, potentiellement favorables aux maladies », poursuit-il Deux projets sont d’ores et déjà lancés pour aller plus loin. Céréales : semis direct sous couvert végétal et restauration de la biodiversité Le Groupe d’études et de développement agricole (Geda) de Tille, en Bourgogne, a observé, sur six parcelles converties au semis direct sous couvert depuis quatre ans, l’évolution de la biodiversité du sol. Si les résultats sont mitigés concernant les nématodes, ils sont clairement positifs pour les arthropodes collemboles et la mésofaune, dont la taille est comprise entre 0,2 et 4 mm. « La plus grosse satisfaction concerne les lombriciens, dont les précieux vers de terre, avec en moyenne 76 individus par mètre carré dans les parcelles témoins conventionnelles contre 189 au total sur les six sites expérimentaux », se réjouit Benoît Lavier, agriculteur du Geda. Le travail continue pour mesurer l’effet du semis direct sous couvert végétal sur la biodiversité aérienne, notamment les syrphes. L’agroforesterie au secours des abeilles domestiques Un troisième projet visait à mesurer la contribution des arbres « hors forêt » et de l’agroforesterie pour l’abeille domestique. « Nous avons travaillé avec des apiculteurs sur six sites différents du Gers, sur lesquels la composante ligneuse représentait 3 à 10 % de la ressource végétale », introduit Eric Maire, chercheur à l’Université de Toulouse. Le butinage des abeilles a été suivi de près. Verdict : les espèces ligneuses représentent une ressource pérenne attractive pour les abeilles. « Le pollen des arbres et arbustes est notamment fortement mobilisé en début de saison, et également précieux en période de disette », explique Eric Maire. De l’extermination à la préservation du hamster d’Alsace Le hamster d’Alsace a longtemps été considéré comme un fléau des cultures, au point d’être la cible de campagnes d’exterminations jusque dans les années 80. La quasi disparition de l’espèce a incité Bruxelles à demander sa protection en 1993. Le quatrième projet retenu par Lu Harmony et la FRB, porté par l’Université de Strasbourg, vise à identifier les influences des différents couverts végétaux, des assolements et des rotations mais aussi des pratiques culturales sur l’habitat du hamster. La luzerne est l’une des cultures favorables : le rôle des éleveurs, intéressés par cette plante pour l’alimentation des troupeaux, mais aussi de filières dédiées, ont été retenus comme des points importants. « Les mesures agro-environnementales incitant à implanter la luzerne sont un levier intéressant », note encore Colette Méchin, chercheuse à l’Université de Strasbourg. Le hamster d’Alsace est une espèce dite « parapluie » : sa protection favorise un grand nombre d’autres espèces.