Référence agro

Gestion de l’eau, le CGAAER plaide en faveur d’un « panier de solutions »

Le | Recherche-developpement

Dans un rapport diffusé le 16 juin 2022, le CGAAER s’est intéressé aux « techniques et pratiques innovantes de gestion de l’eau en agriculture ». ACS, solutions fondées sur la nature, réutilisation des eaux usées, retenues… De nombreux leviers, et leurs limites, sont passés à la loupe, et appelés à être combinés, les auteurs du rapport plaidant en faveur d’un « panier de solutions ».

Photo Vivadour. - © D.R.
Photo Vivadour. - © D.R.

« Pas de solution miracle », mais un « panier de solutions » à mobiliser : c’est la conclusion d’un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux, CGAAER, publié le 16 juin, en ce qui concerne la gestion de la ressource en eau dans le secteur agricole, dans un contexte de changement climatique. Deux groupes de leviers à activer sont identifiés.

Le premier concerne les « pratiques agricoles innovantes visant à préserver, voire à restaurer la qualité des sols ». Les auteurs s’arrêtent plus spécifiquement sur la révision des itinéraires techniques « classiques », en modulant par exemple les dates et les modes de semis ou les niveaux de fertilisation azotée, l’innovation variétale, l’agriculture de conservation des sols, l’agroforesterie, les solutions fondées sur la nature (SfN) ou encore le bio. Au sujet du bio, justement, le document précise : « Si les vertus de l’agriculture biologique sur la qualité des eaux, notamment de drainage au sortir de la parcelle, ne sont plus à démontrer, en revanche son impact sur la gestion quantitative de l’eau est encore à référencer.  » Le rapport insiste néanmoins sur le nécessaire « appui technico-économique » à délivrer aux agriculteurs pendant la période de transition, « compte tenu du changement radical [que] supposent » ces pratiques.

Mieux définir l’irrigation de résilience

Le deuxième groupe d’actions cité par le rapport concerne la mobilisation de toutes les innovations technologiques et numériques «  permettant de diminuer la consommation d’eau d’irrigation, que ce soit en augmentant l’efficience du matériel ou en recourant à des outils d’aide à la décision (OAD) ». Les auteurs du rapport insistent sur les moyens financiers, de conseil et de formation à déployer pour favoriser l’accès des agriculteurs aux innovations. Ils plaident ainsi pour une définition plus précise du concept « d’irrigation de résilience », pour favoriser son appropriation par les agriculteurs.

Les retenues, une voie à considérer

Enfin, le rapport exprime également la position du CGAAER sur l’épineux sujet du stockage de l’eau. « Il existe une multitude de retenues non utilisées sur l’ensemble du territoire, mais celles-ci sont mal connues. Par ailleurs, la mobilisation de ces retenues non utilisées pose de multiples questions (techniques, financières, juridiques) », souligne le document. En ce qui concerne la construction de nouvelles retenues, les auteurs estiment que c’est « une solution à considérer », notamment dans le cadre d’un PTGE, dont les auteurs soulignent également les difficultés de mise en œuvre.

Davantage explorer la réutilisation des eaux usées

Les rapport se penche également sur la réutilisation des eaux usées, « une ressource insuffisamment exploitée » selon le document, pour des raisons techniques (remontées de sels par capillarité, dissémination de polluants, etc.), économiques et sociales (acceptation). Au final, les auteurs plaident pour la réalisation d’un « état des lieux exhaustif des sites, utilisés ou non, de recharge artificielle des nappes et de réutilisation des eaux usées », en complément de l’inventaire des retenus d’eau acté à l’issue du Varenne de l’eau ; « avant de songer à augmenter le stockage et à mobiliser des ressources alternatives, telles que la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) ou le dessalement de l’eau de mer, souvent plus onéreuses », concluent-ils.

Les 5 recommandations du CGAAER

  1. Veiller à l’appui technico-économique des agriculteurs engagés dans une démarche agroécologique en vue d’économiser l’eau, pendant toute la période de transition, à travers les réseaux de la formation et de l’encadrement techniques.
  2. Favoriser l’accès aux innovations en irrigation (matériels, outils d’aide à la décision) à travers la formation, le conseil et l’aide au financement.
  3. Préciser le concept d’irrigation de résilience, notamment ses bases techniques, agronomiques et économiques, afin d’en permettre l’appropriation par les irrigants.
  4. En complément de l’inventaire des retenues d’eau en France décidé dans les conclusions du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique, établir un état des lieux exhaustif des sites, utilisés ou non, de recharge artificielle de nappes et de REUT.
  5. Analyser les dispositifs réglementaires mis en place par les pays utilisateurs d’eaux non conventionnelles leur permettant de les intégrer à la ressource en irrigation.