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Grandes cultures bio : le réseau RotAB mise sur l'expérimentation de longue durée

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RotAB était initialement un projet Casdar de trois ans, centré sur les atouts de la rotation en bio et achevé en 2010. Sept ans plus tard, les parties prenantes entretiennent toujours ensemble un réseau d’une douzaine de sites répartis sur l’ensemble du territoire français. L’objectif de RotAB, désormais : la mise en place de systèmes de grandes cultures innovants en bio de longue durée. « Aujourd’hui, les raisonnements sont territoriaux, avec des rotations étirées jusqu’à huit ans », analyse Laurence Fontaine, directrice technique de l’Institut technique de l’agriculture bio (Itab), le 22 novembre 2017 lors d’une journée de présentation organisée l’Institut supérieur d’agriculture et d’agroalimentaire de Rhône-Alpes (Isara) de Lyon.

Plus de 350 000 hectares de grandes cultures bio en France

Une tendance justifiée par la croissance du bio en grandes cultures, qui concernait en 2016 plus de 350 000 hectares et 13 000 exploitations. Travail du sol, fertilisation, agroforesterie, cultures associées… sont les principaux leviers travaillés. Quelques uns des résultats ont été présentés. La plateforme Techniques alternatives et biologique (Drôme) expérimente ainsi la culture combinée de pêchers et de colza, avec un gain de rendement de 25 % pour la crucifère sur la dernière campagne. Autre enjeu sur les parcelles de tournesols de Thorigné d’Anjou (Maine-et-Loire), qui restent sur six à neuf campagnes sans fertilisation. Le couvert de trèfle y est applique : il libère de l’azote pour le tournesol et facilite la maîtrise des adventices.

La difficulté reste le relatif manque de recul sur les pratiques innovantes appliquées. Sur le site de Corbas (69), l’arrêt du labour est suivi de près. « Nous avons relevé assez vite un effet sur l’accumulation de matières organiques dans les sols, ainsi qu’un plus grand nombre de vers de terre, explique Florian Celette, enseignant-chercheur à l’Isara. Mais concernant ces derniers, l’explication ne semble pas tenir à l’effet système… nous devons rester prudent. »

Désherbage et fertilisation, thématiques communes

Si les différents sites travaillent dans des conditions variables et sur des thématiques distinctes, le réseau met en avant certaines grandes lignes communes. Anne-Laure de Cordoue, ingénieure à Arvalis-Institut du végétal, a présenté les résultats d’une analyse de six systèmes appliqués sur cinq sites. Le modèle Masc, développé par l’Inra, a permis de relever certaines cohérences : dans les six cas, la gestion des adventices et celle de la fertilité des sols nécessitent de la vigilance, quand la maîtrise des maladies ou des ravageurs semble plus aboutie. « Globalement, la durabilité des systèmes bio étudiés est bonne, explique-t-elle. Mais il existe une réelle variabilité sur le critère économique, et les conclusions ne sont valables qu’à un instant T. Or ces pratiques au long court doivent être évaluées dans le temps. »