Grandes cultures, le surcoût lié à l’arrêt du glyphosate pourrait atteindre 80 €/ha
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Sans glyphosate, les exploitations de grandes cultures verraient leurs charges augmenter de 4 €/ha pour les situations en labour systématique et jusqu’à 80 €/ha pour celles en semis direct. Telle est l’une des conclusions de l’analyse économique menée par l’Inrae et publiée le 9 juin 2020. Le surcoût des alternatives à l’utilisation de la molécule est lié aux stratégies de travail du sol.
Après l’évaluation économique conduite sur les alternatives au glyphosate en viticulture et en arboriculture, l’Inrae s’est penché sur les grandes cultures. Ce travail a été réalisé à la demande du Premier ministre et des ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique et solidaire dans le cadre du plan de sortie du glyphosate. Il pourrait aider le Gouvernement à identifier les usages pour lesquels l’utilisation de la molécule resterait autorisée entre 2021 et 2023.
Surcoût dépendant du travail du sol initial
De part leurs surfaces sur le territoire, les grandes cultures constituent le secteur le plus utilisateur de glyphosate, même si les usages ne sont pas aussi systématiques qu’en viticulture et en arboriculture. L’analyse conduite par l’Inrae a concerné les usages en inter-culture, qui ont représenté, sur la campagne 2016/2017 étudiée à l’aide des données de l’enquête Pratiques culturales, 98 % des applications.
Sans surprise, l’utilisation de la molécule dépend du niveau de recours au labour : 86 % des surfaces en semis direct et 39 % des surfaces en techniques culturales simplifiées reçoivent du glyphosate l’année de l’enquête, contre seulement 7,6 % des surfaces de parcelles labourées systématiquement. Le surcoût d’une alternative au glyphosate est donc d’autant plus faible que l’exploitation laboure déjà fréquemment voire systématiquement ses terres. L’Inrae estime ce surcoût à près de 80 €/ha pour les situations en semis direct, à 25 €/ha pour celles en techniques culturales simplifiées, contre 9 €/ha en cas de labour occasionnel, 6,5 €/ha en cas de labour fréquent et 4 €/ha lorsque le labour est systématique.
L’institut précise que la taille des exploitations et les caractéristiques pédologiques des sols sont très liées à ce recours plus ou moins fréquent au labour et donc à l’utilisation actuelle de glyphosate dans la stratégie de contrôle des adventices. Près de 37 % des surfaces des exploitations dont la SAU dépasse 350 ha ne sont pas labourées. Cette part de surfaces non labourées est autour de 20-25 % pour les exploitations dont la SAU est comprise entre 150 et 350 ha, et de moins de 14 % pour les exploitations dont la SAU est inférieure à 50 ha. Environ 24 % des surfaces à sols superficiels reçoivent du glyphosate, contre seulement 18 % des surfaces à sols profonds ou semi-profonds.