Groupe de recherche sur les pesticides, -17 % d’IFT en cinq ans pour les exploitations viticoles Écophyto-Dephy
Le | Recherche-developpement
Pour la première fois, le groupe français de recherche sur les pesticides (GFP) s’est ouvert au grand public, à l’occasion d’une table ronde sur « les enjeux agronomiques et environnementaux de la protection phytosanitaire dans la transition agroécologique en Méditerranée ». Réunis à Montpellier du 21 au 24 mai 2019, le 49e congrès du groupe a fait le point, comme chaque année, sur l’usage, l’efficacité, le devenir et les impacts des pesticides sur les organismes vivants et la santé humaine. L’approche est pluridisciplinaire, mêlant des chimistes, des écologues, des agronomes, des physiciens et des chercheurs en sciences sociales.
Optimisation de la lutte chimique plus que biocontrôle
« Les agriculteurs utilisent les pesticides, bénéficient de leur protection et subissent leurs impacts », annonce Marc Voltz, directeur de recherche à l’UMR Lisah (Laboratoire d’étude des interactions entre sol-agrosystème-hydrosystème, sous tutelle de l’Inra, l’IRD et Montpellier Supagro) et coorganisateur du congrès. Pour étudier les trajectoires de réduction envisageables, Laurent Delière, de l’Inra Bordeaux et membre de la cellule d’animation nationale du réseau Écophyto-Dephy, présente les derniers résultats du réseau de 3 000 fermes, dont 550 exploitations viticoles.
« Face à la pression des maladies, les viticulteurs du réseau ont majoritairement optimisé la lutte chimique et amélioré la gestion culturale. Les solutions de biocontrôle se résument pour l’instant à l’utilisation de cuivre. » La forte pression mildiou de 2018, « la plus grosse depuis 25 ans », influe les résultats. Pour lutter contre les ravageurs, les exploitations du réseau ont utilisé plus de leviers biocontrôle. Contre les adventices, les leviers de la gestion de la culture et de l’optimisation chimique restent les plus utilisés.
Les économes, en hausse de 6 %
« La trajectoire des exploitations viticoles du réseau entre 2012 et 2017 montre une diminution totale de l’IFT de 17 %, indique le chercheur. En cinq ans, les exploitations initialement peu ou pas économes ont logiquement diminué leur indice de 22 %, tandis que les économes, partant de plus bas, ont augmenté de 6 %, mais ont globalement démontré la robustesse de leur système. » Existe-t-il un plancher de verre en dessous duquel il paraît difficile de réduire l’utilisation des phytosanitaires ?
Pour aller plus loin, Laurent Delière liste les freins techniques, économiques et organisationnel : manque de solutions alternatives, gestion d’une forte épidémie, contraintes réglementaires, temps de travail, coût et prise de risque pour l’essentiel. « Un délai de rentrée peut par exemple contraindre le viticulteur à positionner un traitement, alors que les conditions de pression ne l’imposaient pas », explique le chercheur. À l’inverse, le risque de réémergence de maladies, comme le black rot ou l’anthracnose, augmente dans un contexte de baisse de protection phytosanitaire.