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« Il n’y a pas que dualité entre agriculture conventionnelle et agriculture biologique », Marie-Laurence Madignier, CNCE

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Le 25 octobre, Marie-Laurence Madignier installera, en tant que présidente, la CNCE, soit la commission nationale de la certification environnementale des exploitations, qui entre dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Coordinatrice des missions eau au CGAAER (Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux) et haut fonctionnaire du développement durable au sein du ministère de l’Agriculture, Marie-Laurence Madignier répond aux questions de Référence environnement. Référence environnement : Comment s’est passé votre nomination ? Marie-Laurence Madignier : J’occupais précédemment le poste de sous-directrice de la biomasse et de l’environnement au ministère de l’Agriculture. Une fonction qui m’a permis de participer à la mise en place du Grenelle de l’environnement, avec les ONG et les professionnels agricoles, afin de concrétiser l’accompagnement de l’agriculture dans le développement durable. Il n’y a pas que dualité entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique. Je partage la vision que l’on peut être un agriculteur engagé dans la voie conventionnelle et adopter des mesures environnementales, qui lient aussi la compétitivité de l’exploitation et son ancrage durable sur un territoire. La mise en place de cette certification environnementale me satisfait car c’est une reconnaissance à la fois par le monde agricole, par les consommateurs et par les ONG. L’enjeu de la CNCE est de prouver qu’il y a un modèle agricole crédible pour l’environnement et reconnu par tous. Et puis, je suis ravie de faire ce travail avec Jean-Marc Meynard, vice-président et chercheur à l’Inra, qui a beaucoup oeuvré sur les itinéraires agronomiques préservant et valorisant le milieu naturel sur lequel est implantée l’agriculture. RE : Pourquoi la CNCE a-t-elle pris du temps à se mettre en place ? M.-L. M : C’était juste une question de calage de calendrier, trouver une date où tout le monde était disponible. Il n’y a pas d’autres causes qui expliquent ce retard. RE : Quels seront vos premiers travaux ? M.-L. M : D’ici à la fin de l’année, nous allons lancer les appels à candidature pour les demandes de reconnaissance des référentiels de certification existants, ainsi que pour les organismes certificateurs, afin de pouvoir les valider dans le premier semestre 2012. En attendant, nous allons publier les cahiers des charges pour la reconnaissance. Des coopératives et industries agro-alimentaires ont déjà réalisé des référentiels environnementaux : l’idée est de les fédérer dans le deuxième niveau de la certification. Sans oublier que l’exigence de la CNCE est de maintenir l’équilibre entre les consommateurs, les associations environnementales, et la profession agricole et alimentaire. RE : A quand les premières exploitations certifiées ? M.-L. M  : Dès le 25 octobre, les organismes de conseil peuvent établir un listing des exploitations répondant au niveau 1 de la certification environnementale, puisque ce niveau passe par le conseil agricole et non par les organismes certificateurs ou les démarches collectives. Pour les niveaux 2 et 3, les premières exploitations pourront être certifiées au premier semestre 2012. RE : Comment mobiliser les agriculteurs ? M.-L. M : Nous avons cherché les démarches les plus efficaces : fédérer les référentiels existants et impliquer les organismes de conseil agricole. Il faudra aussi que l’on trouve un lien dynamique avec Ecophyto et notamment avec le réseau de fermes de démonstration Dephy. Mais, la valorisation par le marché sera un des facteurs clés de réussite du projet, surtout au niveau de la haute valeur environnementale. La distribution et les industries agro-alimentaires sont parties-prenantes de la CNCE. Espérons qu’elles joueront également le jeu commercial.