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Innovation variétale : décalage entre ambitions politiques et moyens alloués

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À l’occasion de la rencontre filière semences céréales et protéagineux 2018 organisée le 5 avril à Paris par le Gnis, l’interprofession des semences et plants, les 150 professionnels présents ont pu échanger autour de l’impact sur la filière française des attentes sociétales, notamment celle de la réduction du recours aux produits phytosanitaires. Le député Jean-Baptiste Moreau l’a assuré en ouverture de la journée : « Emmanuel Macron ne laissera pas tomber les agriculteurs et aucun produit phytosanitaire ne sera interdit sans alternatives ».

Mais derrière les bonnes volontés politiques affichées, les soutiens financiers eux, ne suivent pas au niveau de la recherche. « Réduire de 50 % les produits phytosanitaires d’ici à 2024, c’est mission impossible. On ne trouvera pas d’alternatives sans moyens. Et nous n’avons pas d’enveloppe concrète de ce gouvernement pour accompagner le travail sur de nouvelles solutions ! », alerte Anne-Claire Vial, présidente d’Arvalis Institut-du-végétal.

La semence comme support prêt à l 'emploi de la lutte intégrée

Pourtant, la semence a pleinement un rôle à jouer dans ces objectifs, car l’innovation variétale s’intègre dans la palette d’outils de la lutte intégrée. « Une plante saine est une plante habitée par une population microbienne en équilibre. La semence peut être un véhicule pour transmettre la génétique, mais aussi tout l’écosystème microbiotique de la plante », se projette Christian Huyghe, directeur scientifique de l’Inra, lors de la table ronde, pour qui un changement de paradigme est nécessaire.

CEPP : le contenu des fiches en deçà des attentes

En attendant ce changement de paradigme, le dispositif CEPP mis en place pour atteindre les objectifs de réduction pose encore question. La prise en compte de l’apport de la génétique pour réduire les traitements n’apparaît pas suffisante, notamment pour la fiche action des variétés de blé tendre. « Seule la moitié des variétés proposées par Arvalis ont été retenues par la commission CEPP », regrette Thierry MOMONT, président de la section céréales à paille et protéagineux du Gnis. « On ne retrouve pas non plus de variétés possédant le gène Pch 1, résistantes contre le piétin-verse, et permettant d’économiser un traitement », témoigne Christian Cordonnier, directeur général de Terre Atlantique (17).

Des fiches actions en suspens

Autre exemple : la remise en cause de certaines fiches actions comme celle du vacciplant. « Nous sommes peut-être allés trop vite en voulant encourager les stimulateurs de défense des plantes (SDP). Nous avons demandé des compléments d’informations aux porteurs de la fiche, et elle sera retirée mi-2018 si nous ne les obtenons pas », admet Christian Huyghe, président de la commission indépendante d’évaluation des fiches action du dispositif des CEPP.