Référence agro

Instituts techniques, l’innovation agricole prend de nouvelles formes

Le | Recherche-developpement

Le concours ITA’Innov départageait, lors de sa finale organisée le 15 octobre 2019 à Paris, des projets innovants portés par les instituts techniques fédérés par l’Acta. La diversité des candidatures illustre la grande variabilité que peut prendre l’innovation en agriculture. La finalité, elle, est plus simple à définir, selon Catherine Geslain-Lanéelle, haute fonctionnaire de l’administration agricole invitée à introduire l’événement : « L’agriculture a su multiplier sa productivité par trois pendant que la population mondiale augmentait d’un facteur 2,5. C’est bien l’innovation qui est à la base de ce progrès. Il faut poursuivre dans cette voie si l’on veut accroître la productivité de 50 % pour répondre à la demande prévue pour 2030. »

Au-delà du numérique et de la technologie

Pour aider les exploitants à progresser, l’innovation emprunte donc plusieurs canaux. Membre du bureau de la FNSEA, Daniel Peyraube témoigne : « Il n’y pas que la technologie, le numérique. L’augmentation du confort de travail, l’évolution des conditions de vie des agriculteurs sont une autre piste. L’innovation, c’est aussi faire évoluer les habitudes. Par exemple, construire des retenues d’eau n’est pas une innovation, mais cela en serait une de faciliter la pratique alors que la sécheresse devient un enjeu majeur. » Olivier Clanchin, président de la société laitière Triballat-Noyal, témoigne du besoin d’innover en aval de l’agriculture, dans l’industrie agro-alimentaire : « Je pense par exemple à la transformation des aliments, qui inquiète, ou aux emballages. »

Changer le sens de l’innovation en agriculture

Une manière d’introduire une autre notion importante dans la discussion : celle de l’échelle de l’innovation. « Le défi se décline au niveau du territoire, témoigne le président de l’Acta, Sébastien Windsor. En agriculture, les enjeux diffèrent parfois à quelques dizaines de kilomètres de distance. » Selon lui, les instituts techniques sont au carrefour de ces composantes de l’innovation. Leur atout numéro un : créer un lien entre le terrain et la recherche. Une position privilégiée pour constater un changement de paradigme. « L’innovation change de nature : longtemps, c’est la recherche qui dictait le tempo, proposait ses travaux à l’agriculture avant de chercher une application possible, note Sébastien Windsor. Aujourd’hui, les agriculteurs sont impliqués, ils précisent leurs besoins, voire donnent eux même des pistes de réflexion. »

Si les agriculteurs sont de plus en plus acteurs du changement, les intervenants ont également insisté sur l’importance d’y associer… le consommateur. « On ne peut pas imposer l’innovation au consommateur ! avertit Catherine Geslain-Lanéelle. Son accompagnement, sa sensibilisation, sont cruciaux. Au-delà de la performance, l’image du secteur est en jeu : l’innovation doit servir à montrer que l’agriculture est un secteur d’avenir. »