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La réallocation des terres cultivées pourrait réduire la pression sur l’environnement

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L’évolution à la hausse des surfaces cultivées exerce une lourde pression sur les écosystèmes. Des chercheurs européens ont modélisé des scénarios pour évaluer l’impact de l’optimisation de l’allocation des terres et de la fertilisation sur les surfaces nécessaires à la production alimentaire. Avec pour objectif de réduire ces dernières, tout en maintenant des niveaux de production équivalents.

La réallocation des terres cultivées pourrait réduire la pression sur l’environnement
La réallocation des terres cultivées pourrait réduire la pression sur l’environnement

La croissance exponentielle annoncée de la population mondiale interroge sur les surfaces pour assurer une production alimentaire suffisante, et les pressions exercées sur les écosystèmes. Pourtant, selon plusieurs études, la production agricole pourrait être doublée si des rendements homogènes et accessibles étaient atteints sur les actuelles terres cultivées. Partant de ce constat, une équipe de chercheurs européens s’est intéressée aux effets de l’optimisation de l’allocation spatiale des terres et de la fertilisation sur les surfaces nécessaires à la production alimentaire.

Deux scénarios distincts développés

Les chercheurs ont développé deux scénarios, pour 16 cultures majeures : un premier fondé sur une intensification de la production pour réduire les surfaces agricoles, un second où les cultures sont mises à l’arrêt dans les hotspots de biodiversité et où des surfaces à cultiver sont libérées de manière uniforme sur la surface terrestre. Dans ces deux scénarios, les niveaux de production pour la période 2011-2015 sont maintenu. Résultat : selon l’équipe qui a publié son étude dans Nature Sustainability, le 16 avril, la réallocation des cultures et l’optimisation du recours aux fertilisants pourrait permettre de réduire les surfaces cultivées de 47 % dans le scénario « intensif » et de 38 % dans le second.

Des effets bénéfiques sur les émissions de GES

Le modèle encadrant les deux scénarios a également permis de quantifier leur impact en termes de besoin d’eau pour l’irrigation, l’utilisation d’azote et de phosphore, les émissions de gaz à effet de serre, le stockage du carbone et les habitats naturels de la faune. En ce qui concerne le premier scénario, intensif, les besoins en eau d’irrigation diminueraient de 35 % et les émissions de GES de 13 %, bien que les applications d’azote et de phosphore augmenteraient de 6 %. Dans le second scénario, les surfaces d’habitats naturels disponibles pour les mammifères rares ou vulnérables à l’agriculture croîtraient de 12,8 % (contre 2,6 % pour le premier scénario). Enfin, les terres libérées fourniraient un espace supplémentaire pour la séquestration du carbone.

Vigilance sur les importations

Les auteurs de l’étude soulignent néanmoins que cette réallocation des terres à l’échelle mondiale rendraient certaines régions davantage dépendantes aux importations. Ils insistent ainsi sur la coopération à mettre en place au niveau international, pour ne pas revenir sur les bénéfices pour l’environnement des scénarios présentés.