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La TIS, pour réduire l’usage des produits phytosanitaires

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La TIS, technique de l’insecte stérile, utilisée à l’étranger, est testée en France. Plusieurs projets pilotes et expérimentations sont menées pour valider sa pertinence dans l’Hexagone. Explications avec Clelia Oliva, ingénieure au CTIFL, en charge des projets TIS.

Lâcher expérimental de carpocapses stériles dans un verger de noyers en Isère (©Agnès Verhaeghe-CTIF - © D.R.
Lâcher expérimental de carpocapses stériles dans un verger de noyers en Isère (©Agnès Verhaeghe-CTIF - © D.R.

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La TIS, pour réduire l’usage des produits phytosanitaires - © D.R.
La TIS, pour réduire l’usage des produits phytosanitaires - © D.R.

Clelia Oliva, ingénieure au CTIFL[/caption]

« La technique de l’insecte stérile (TIS) consiste à lâcher, de façon répétée et massive, des individus stérilisés d’un insecte cible », explique Clelia Oliva, ingénieur au CTIFL et coordinatrice du collectif TIS. Ce groupe de réflexion fondé en 2018 par l’Inrae, le CTIFL, l’IRD et le Cirad, est intégré au sein du Consortium biocontrôle et du réseau Vectopole Sud. « Ces lâchers ont pour conséquence, grâce à des pontes non viables résultant d’accouplements, de réduire progressivement les populations locales du nuisible, reprend-elle. Et ce, en limitant notablement l’utilisation de produits phytosanitaires. L’effet est non immédiat mais à long terme. La technique présente par ailleurs l’avantage d’être réversible et spécifique de l’espèce cible. »

Deux projets pilotes pour trois ans

Ce moyen complémentaire de contrôle des populations d’insectes nuisibles, qui s’intègre dans des stratégies de protection intégrée, est déjà utilisé à l’étranger, notamment au Canada, en Amérique du Sud ou encore en Australie et en Israël. En France, plusieurs projets sont en cours afin d’étudier, entre autres, sa faisabilité technique et son adéquation avec les attentes des différents acteurs impliqués. « Ces projets sont menés avec toutes les parties prenantes, à l’échelle d’un territoire », précise l’ingénieure. Deux programmes pilotes, l’un en Corse contre la mouche méditerranéenne des fruits et l’autre en Isère et Corrèze contre le carpocapse de la pomme et de la noix, pourraient, au bout de trois ans, permettre un transfert opérationnel si les producteurs sont demandeurs. « Et si, pour le carpocapse, un élevage en masse voit le jour, note Clelia Oliva. Car pour le moment, nous importons les insectes stériles du Canada. Pour la mouche méditerranéenne, le problème se pose moins : l’Espagne dispose d’un élevage. »

Ce biocontrôle s’inscrirait alors dans la réglementation relative aux macro-organismes.

Une organisation à construire

La technique commence à intéresser de nombreux acteurs, sociétés de biocontrôle comprises. Elle peut concerner de nombreux insectes. Une expérimentation sous serre sera bientôt menée pour Drosophila suzukii et d’autres pourraient se profiler pour lutter contre des espèces invasives. Si les résultats sont concluants, des projets pilotes verront le jour.

« La TIS exige une co-construction de scénarios organisationnels adaptés, insiste Clelia Oliva. L’implication de tous les producteurs d’un même territoire est indispensable. Raison pour laquelle nous cherchons à les impliquer dans les projets pilotes. »