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« LabelPulvé, un classement des pulvérisateurs en vigne selon leurs performances », Jean-Paul Douzals, Irstea

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Suite à un premier projet de l’Institut français de la vigne (IFV), ayant permis de valider une méthode d’évaluation de la performance des pulvérisateurs, un second programme du plan Écophyto est sur le point d’aboutir. Il vise à mettre au point un label classifiant ce type de matériel, selon leur efficacité. Jean-Paul Douzals, responsable adjoint de l’Unité mixte technologique (UMT) Ecotech de l’Irstea de Montpellier, décrit le fonctionnement et les objectifs de LabelPulvé, une marque gérée par l’IFV en collaboration avec l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea).

Référence environnement : Quand le LabelPulvé sera-t-il fonctionnel pour les pulvérisateurs utilisés en vigne ?

Jean-Paul Douzals : Il est prévu que les premiers labels soient attribués lors du Sitévi, fin novembre 2019. Le processus d’attribution devrait être opérationnel pour la fin de l’année. Le principe des notes est validé. Elles identifient les pulvérisateurs permettant un progrès par rapport au parc de machines en service. La note B correspond au matériel de référence le plus courant. La note C à un matériel moins efficace, les notes A+ et A aux pulvérisateurs les plus performants. lls apportent un niveau de pulvérisation équivalent au matériel de référence, mais en consommant 30 % de produit en moins pour ceux classés A, et 50 % pour ceux classés A+. Ces notes sont appliquées à trois stades de culture de la vigne, elles peuvent varier d’un stade à l’autre pour la même machine.

R.E. : Quelles seront les conditions d’attribution du label ?

J.-P.D. : La démarche est volontaire de la part du constructeur. Une commission indépendante comptant des experts d’instituts techniques et de l’Irstea sera chargée de la gestion des demandes. Le processus est encore en cours de finalisation. Afin d’éviter tout risque de conflit d’intérêt, les constructeurs, qui sont parties prenantes de la démarche pour des aspects très techniques à travers l’association Axema, ne participent pas directement à l’évaluation.

Le constructeur pourra demander une classification « a priori », en justifiant de la similitude du pulvérisateur avec des matériels déjà classés. S’il estime que son pulvérisateur mérite une meilleure classification que celle à laquelle aboutirait cette voie, il pourra choisir de le faire tester. Il est évident que les constructeurs feront la démarche surtout pour les machines classées A+ et A. Nous pensons que cela créera un appel d’air pour ces engins et tirera le marché vers le haut.

R.E. : À qui s’adresse le LabelPulvé ?

J.-P.D. : Le label doit permettre d’éclairer différents acteurs. À commencer par les viticulteurs. Le parc matériel du secteur est vieillissant, en partie à renouveler. LabelPulvé doit être un élément d’aide à la décision rationnel, harmonisé, pour choisir le matériel le plus adapté à leurs conditions d’application des pesticides. Pour les constructeurs, il s’agit d’orienter la R&D vers des modèles plus performants. Enfin, les financeurs et responsables de filières pourront s’appuyer sur le label pour aiguiller leurs décisions. Il peut s’agir des régions, des ministères, de centres techniques, mais aussi de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), qui pourrait faire évoluer des cahiers des charges d’appellations sur ce critère.

L’objectif est bien de limiter les utilisations de pesticides en les optimisant au mieux. Si un matériel permet une protection similaire à un autre mais avec 50 % de produit en moins, c’est que le ciblage est mieux réussi. Mais nous pouvons imaginer d’autres usages pour le LabelPulvé, y compris pour mieux appliquer les solutions de biocontrôle.

R.E. : Quelles mesures sont prévues pour accompagner le déploiement du label ?

J.-P.D. : Les chambres d’agriculture assureront des formations et la Direction générale de l’alimentation (DGAL) doit mettre en ligne un site internet. Les constructeurs pourront apposer un QR code sur leurs machines et leurs supports de communication. Celui-ci permettra d’accéder à des informations détaillées, comme les conditions de réglage des machines optimales, par stade de culture.

R.E. : Le principe du LabelPulvé pourrait-il être appliqué à d’autres filières ?

J.-P.D. : Avec sa multitude d’appareils, aux fonctionnements variés, la vigne est la filière pour laquelle le besoin était le plus grand. D’autant qu’il existe des écarts d’efficacité très grands d’une machine à l’autre. Ce n’est pas le cas pour les grandes cultures, où l’application basse est déjà relativement performante et les différences sont moins marquées d’un pulvérisateur à l’autre. Pour l’arboriculture, l’idée est duplicable, et il n’est pas exclu que ce soit le cas. Nous sommes toutefois très en amont d’un tel déploiement. D’autres démarches sont initiées pour optimiser les traitements sur ces cultures.