L'adaptation des espèces à leur environnement, un levier de développement pour le bioncontrôle
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Élément-clé en écologie, la dispersion décrit le déplacement des individus d’une espèce donnée d’un habitat à un autre - souvent pour en chercher un nouveau de meilleure qualité. Un concept essentiel dans un contexte de grands bouleversements tels que les changements climatiques, les invasions biologiques ou la fragmentation du paysage.
Un phénomène loin d’être aléatoire
Ce facteur serait pourtant souvent simplifié à l’excès dans l’élaboration de modèles prédictifs quant au devenir de la biodiversité. C’est sur la base de ce constat qu’un réseau de sept laboratoires européens, dont trois français (1), a développé une expérience sur 21 espèces du microorganisme au vertébré, pour étudier leur dispersion face à la présence de prédateurs et la faible abondance de ressources.
L’objectif : démontrer que ce phénomène est loin d’être aléatoire, et répond en réalité à des règles généralisables entre espèces. Les résultats de cette étude, à paraître dans la revue Nature Ecology & Evolution, démontrent que « la dispersion est une stratégie d’évitement d’environnements de mauvaises qualités qui est conditionnée par les autres espèces d’un réseau écologique. » La dispersion d’une espèce aurait également, selon l’étude, des conséquences sur « la dynamique des populations de ses proies et de ses prédateurs », affectant ainsi « l’ensemble du réseau écologique. »
Mieux comprendre les dynamiques du biocontrôle
Des résultats qui pourraient permettre de mieux appréhender les dynamiques à l’œuvre dans les champs, et ainsi développer les techniques de biocontrôle. « En matière d’agriculture, comprendre le processus de dispersion liant les parasites d’un champ à un autre peut-être très utile. Si on n’a qu’une approche locale, ça n’aura pas d’impact pour combattre l’espèce visée, détaille ainsi Emanuel Fronhofer, un des auteurs de l’étude et chercheur CNRS à l’Université de Montpellier. Notre étude peut apporter des généralités sur la manière de modéliser cette dispersion en fonction de la présence de prédateurs. »
(1) Le laboratoire Evolution et diversité biologique de Toulouse (EDB -CNRS / Univ. Toulouse III Paul Sabatier / IRD), la Station d’écologie théorique et expérimentale de Moulis (SETE - CNRS / Univ. Toulouse III Paul Sabatier), l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (ISEM -CNRS / Université de Montpellier / IRD / EPHE).