Lancement d’une agence de notation des sols cultivés
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Attirer l’attention sur l’importance de la santé des sols et permettre à chacun d’être mieux informé sur cet enjeu, c’est la volonté de Greenback, la première agence de notation des sols cultivés. Les notes sont fondées sur des critères comme la biodiversité, le carbone du sol, la pollution et l’érosion. Explications avec le fondateur de la structure, Quentin Sannié.
La première agence internationale de notation des sols cultivés a été officiellement lancée début juin. L’importance de la santé des sols, dans un contexte de réchauffement climatique, est un enjeu de plus en plus reconnu. Le GIEC y a consacré un rapport de manière inédite l’été dernier. « L’idée est de créer un nouveau langage commun, explique Quentin Sannié, le fondateur de cette agence, nommée Greenback. C’est un outil technique certes, mais avant tout un moyen de communication et d’information, pour que chacun puisse comprendre. »
Plus de 200 indicateurs testés
Les travaux pour construire cet outil de notation ont débuté en 2018. « J’ai réuni un petit groupe d’agriculteurs, pour identifier des thématiques à fort effet levier, ils m’ont très vite parlé du sol », rappelle Quentin Sannié. L’année suivante, des premiers sites pilotes sont mis en place en France et en Espagne, pour tester près de 200 indicateurs et diverses méthodes d’évaluation. L’Inrae, mais aussi l’Université de Washington, le Joint research center européen ou l’Université de Rothamsted, ont accompagné ces travaux de R&D. Un prototype de ce système de notation est actuellement en test en grandes cultures, viticulture et maraîchage.
Cinq catégories de critères
Pour aboutir à la note, près de 3000 paramètres sont pris en compte, répartis en cinq catégories : la biodiversité du sol, le type de carbone dans le sol, les pollutions (métaux lourds, résidus d’intrants, etc) et l’érosion du sol. A cela s’ajoute deux notes de synthèse se traduisant en une note de A à C, définissant le bon état ou les éléments à surveiller du sol. Cinq à quinze prélèvements sont réalisés dans la parcelle pour faire les analyses. « Nous ne faisons pas de conseil, le but est d’identifier les endroits où ça ne va pas, s’il y a un début d’érosion ou un faible taux de carbone par exemple », indique Quentin Sannié. Libre ensuite aux agriculteurs de communiquer ou non sur les notes obtenues. « Ils en font ce qu’ils en veulent, le but n’est pas de condamner, mais de les aider », insiste le fondateur de l’agence.
« Créer une préférence généralisée pour les sols en bonne santé »
L’agence veut accompagner la prise de décision des acteurs du monde agricole, grâce à ces données : les agriculteurs pour qu’ils mesurent mieux l’impact de leurs pratiques, mais aussi les coopératives pour identifier les pratiques à conseiller, les industriels pour évaluer l’impact de leur approvisionnement sur l’état des sols, les politiques, mais aussi les consommateurs. « Notre ambition est de créer une préférence généralisée pour les sols en bonne santé, et que ces derniers puissent être valorisés. Assurons collectivement le risque que prennent les agriculteurs dans la transition agroécologique », plaide Quentin Sannié.
L’agence devrait entrer en phase de commercialisation dans un an, le temps de mener des tests supplémentaires pour finir d’éprouver la méthode.