Référence agro

Le changement climatique appauvrira les qualités nutritionnelles des cultures, selon une étude scientifique

Le | Recherche-developpement

Les quantités de protéines, de fer ou encore de zinc pourraient manquer pour une grande partie de la population du monde à cause du réchauffement climatique, selon une étude publiée le 18 juillet 2019 dans la revue Lancet Planetary Health. Elle montre comment la concentration du CO2 dans l’atmosphère va réduire les nutriments disponibles dans l’alimentation d’ici à 2050. Car si cette concentration peut stimuler la croissance de certaines plantes, des recherches ont également montré qu’elle réduisait la concentration en micronutriments essentiels dans les cultures.

« Le changement climatique pourrait ralentir les progrès en matière d’amélioration de la nutrition mondiale en rendant simplement les nutriments essentiels moins disponibles », indique Timothy Sulser chercheur à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (Ifpri) et co-auteur de l’étude.

Blé, maïs, orge et riz

Concrètement, les niveaux de protéines, de fer et de zinc seraient respectivement réduits de 19,5 %, 14,4 % et 14,6 %. L’étude révèle que le blé, le riz, le maïs, l’orge, les pommes de terre, le soja et les légumes subiraient tous des pertes en éléments nutritifs d’environ 3 % en moyenne d’ici à 2050. Par ailleurs, la disponibilité de ces nutriments dans le blé devrait être réduite de 12 %.

« Or, le blé représente une part importante des régimes dans de nombreuses régions du monde. Toute modification de ses concentrations en éléments nutritifs peut donc avoir un impact considérable sur de nombreuses personnes », ajoute Robert Beach, économiste au cabinet RTI International et auteur principal de l’étude.

Des carences en fer à prévoir en Asie

Toutefois, les effets ne seront probablement pas ressentis de manière uniforme dans le monde. Les pays connaissant actuellement des niveaux élevés de carence en éléments nutritifs (Asie du Sud, au Moyen-Orient, en Afrique au sud du Sahara, en Afrique du Nord et dans l’ex-Union soviétique) devraient être davantage affectés, estiment les chercheurs. La disponibilité en fer pour les populations d’Asie du Sud inquiète : alors que les concentrations en CO2 devraient être élevées dans cette zone, l’apport en fer de la population se situe déjà en deçà du niveau recommandé, l’Inde affichant la prévalence la plus élevée d’anémie au monde.

Pour réaliser cette prospective, les chercheurs ont utilisé le modèle Impact et pris en compte les scénarios sur les effets du changement climatique sur la productivité des principaux produits agricoles. « L’étude représente la synthèse la plus complète des impacts de l’augmentation des émissions de CO2 et du changement climatique sur la disponibilité des éléments nutritifs dans l’approvisionnement alimentaire mondial à ce jour », indiquent les chercheurs.