Le numérique, pour aider à mieux traquer les ravageurs
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Les outils digitaux pourraient aider les agriculteurs à avoir une estimation de la présence de bioagresseurs dans leurs parcelles, sans avoir à s’y déplacer, et ainsi optimiser les passages de produits phytosanitaires. Les outils sont en cours de développement. En grandes cultures, ils sont testés par Arvalis-Institut du végétal.
Digiferme est un réseau des instituts techniques agricoles dédié à l’innovation numérique. Si son colloque annuel n’a pas pu se tenir dans les champs le 17 mars à cause de la pandémie de coronavirus, Arvalis-Institut du végétal a organisé des conférences virtuelles du 27 au 30 avril 2020. L’une d’entre elles était consacrée au renforcement et à la simplification de l’observation des ravageurs par des outils connectés. « La baisse de la disponibilité des produits phytosanitaires oblige les agriculteurs à surveiller davantage leurs parcelles pour utiliser les solutions de manière optimale et éviter l’apparition des phénomènes de résistance, explique Justin de Rekeneire, ingénieur régional Lorraine chez Arvalis. Or, avec le réchauffement climatique, les périodes d’observation se sont allongées. »
Perfectionner les pièges connectés
Dans ce contexte, les pièges connectés pourraient être de précieux alliés des agriculteurs pour simplifier les observations, même s’ils ne sont pas encore tout à fait au point, selon l’institut technique. « Le monde des ravageurs est complexe et vaste. Ils sont difficiles à identifier par l’imagerie, indique Justin de Rekeneire. Les outils fondés sur l’image nécessitent des algorithmes puissants : ils ont encore besoin d’être renforcés. » Sur le site de Saint-Hilaire-en-Woëvre (55), les ingénieurs travaillent au perfectionnement de certaines solutions, notamment sur la Jaunisse nanisante de l’orge (JNO) ou encore sur les ravageurs du maïs (héliothis, pyrale, ou sésamie).
L’avenir des caméras connectées
La société DE SANGOSSE planche sur une caméra de surveillance des limaces, nommée Limacapt. Ce capteur compte les limaces qui se déplacent sur un mètre carré. « Entre autres, cet outil a un fort potentiel académique pour aider à mieux connaître les limaces ainsi que leurs prédateurs », explique François Brunisholz, spécialiste ravageur chez Arvalis. Les caméras pourraient également servir à en savoir davantage sur les auxiliaires : un objectif affiché dans le projet Piscope, mené en partenariat avec l’Institut national de la recherche agronomique et de l’environnement, Inrae. « Cela évite que le milieu ne soit perturbé par une personne réelle », poursuit-il.
D’autres systèmes pourraient voir le jour à plus long terme. L’identification sonore de ravageurs du coton et la reconnaissance par l’olfaction sont travaillées par la recherche fondamentale. Dans le cadre de la reconnaissance par olfaction, les capteurs analysent des composés volatils émis par les plantes en cas d’attaque de ravageurs.