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Le paysage, un levier possible pour la transition agroécologique

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Les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique veulent encourager le monde agricole à avoir une réflexion sur l’apport du paysage dans la transition agroécologique. Ils ont mandaté le CGAAER et le CGEDD de mener l’étude qui a été rendue publique.

sdr - © D.R.
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La demande émane des ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique. Leurs conseils généraux, respectivement le CGAAER et le CGEDD, ont été chargés d’étudier l’évolution du paysage en France et son impact sur la transition agroécologique. Le rapport a été publié le 9 mars. En trente ans, 500 000 kilomètres de haies ont disparu et la taille des parcelles a été multipliée par deux en quinze ans. 37 000 hectares de bosquets ont été perdus entre 2006 et 2014. « Cette situation s’accompagne d’une érosion des indicateurs écologiques, indique le rapport. (…) Or, les terres cultivées représentent la moitié du territoire français, et les enjeux économiques et écologiques qui y sont liés sont majeurs. » L’objectif de ce travail est de réaffirmer la place du paysage comme un accélérateur de la transition agroécologique des exploitations, et de définir les leviers pour introduire une stratégie paysagère en agriculture.

Chambres d’agriculture et collectivités, des interlocuteurs privilégiés

Pour cela, les deux organismes voient dans les chambres d’agriculture des partenaires indispensables. Ils demandent à ce que cette ambition soit inscrite dans le contrat d’objectif de l’Association permanente des chambres d’agriculture, APCA, 2017-2021. Les paysagistes doivent également être davantage intégrés dans les organisations agricoles et dans la formation, estiment le CGAAER et le CGDD.

Les auteurs n’oublient pas les collectivités : le développement d’outils tels que les Associations foncières agricoles (AFA), les baux à clauses environnementales (BCE), les obligations réelles environnementales (ORE) ou encore la mise en commun d’assolement, devraient permettre de diversifier les paysages. Les auteurs estiment aussi que les projets alimentaires territoriaux pourraient servir cette cause, tout comme les chartes des parcs naturels régionaux.

Intégrer le paysage dans la certification environnementale et dans la Pac

Toujours au niveau français, les auteurs préconisent d’élargir la gouvernance des comités nationaux de l’Institut national de l’origine et de la qualité aux ONG, d’amplifier massivement la certification environnementale et de renforcer son impact agroécologique et paysager.

Au niveau européen, ils demandent à ce que la réforme de la Pac prenne davantage en compte les paysages via le renforcement de l’éco-conditionnalité relative aux haies, la mise en place d’eco-schemes sur les services de captation du carbone et de préservation de la biodiversité, ou avec des mesures agro-environnementales et climatiques (MAEc) dédiées.

Lancement d’appels à projets

Enfin, ils proposent que les appels à projet « plans de paysage » du ministère de la Transition écologique, outils spécifiquement dédiés à la qualité paysagère, soient également ciblés sur les démarches agricoles. Ils demandent au gouvernement de lancer en partenariat avec le réseau des Conseil architecture urbanisme environnement, et avec l’appui des chambres d’agriculture, un appel à manifestation d’intérêt sur « la transition agroécologique par l’approche paysagère ». L’objectif est de mettre en place des démonstrateurs pour convaincre le milieu agricole de l’intérêt de mener une réflexion sur le paysage.