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Le réchauffement climatique pourrait favoriser l’autosuffisance européenne en soja

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Le changement climatique pourrait-il favoriser la culture du soja en Europe, pour pemettre au continent de devenir autosuffisant ? Selon des chercheurs d’AgroParisTech et Inrae, la multiplication par six des surfaces actuelles, favorisée par la hausse des températures annoncée, pourrait permettre d’atteindre l’autosuffisance.

Le réchauffement climatique pourrait favoriser l’autosuffisance européenne en soja
Le réchauffement climatique pourrait favoriser l’autosuffisance européenne en soja

La limitation des importations de protéines végétales, et notamment de soja, est l’un des axes majeurs du Plan protéines lancé fin 2020. Si les surfaces sont en hausse en Europe depuis le début des années 2000, l’autosuffisance est-elle un objectif réaliste pour le continent ? C’est à cette question que s’est intéressée une équipe de chercheurs d’AgroParisTech et d’Inrae, sous le prisme de l’évolution du climat. Selon les résultats avancés dans une étude publiée le 7 avril dans la revue Nature Food, l’Europe pourrait atteindre 50 à 100 % d’autonomie en protéine végétale. La condition : que 4 à 11 % des terres cultivées européennes soient consacrées à la culture du soja. Cela reviendrait à multiplier entre deux et six fois les surfaces actuelles. « Une telle expansion présenterait des avantages économiques et environnementaux importants », via la limitation des importations, « et permettrait une réduction de l’usage des engrais azotés », entre 4 et 17 %, sur le continent européen. Le soja, comme les autres légumineuses, fixe en effet l’azote dans le sol. 

Le soja en chiffres

  • En Europe, 90 % du soja est importé, depuis les Etats-Unis et le Brésil majoritairement.
 
  • Les surfaces ont été multipliées par quatre entre 2004 et 2016, soit 5 Mha à cette dernière échéance.
 
  • 1,7 % des surfaces cultivées en 2016 l’étaient en soja.

Corrélation des hausses de températures et de rendement

Pour aboutir à ces conclusions, les chercheurs ont modélisé des bases de données mondiales agronomiques et climatiques, afin de réaliser des projections de rendement de soja à l’échelle européenne. Conclusion : « Les surfaces agricoles favorables à la culture de soja sont beaucoup plus élevées que la superficie récoltée actuellement », souligne Inrae. Des dispositions qui seraient d’autant plus favorables à l’avenir, avec des températures plus hautes

« Les projections indiquent un rendement moyen de 2 tonnes par hectare avec les conditions climatiques actuelles, même sans irrigation ni fertilisant, et il augmenterait avec les conditions climatiques futures de +0,4 à +0,6 tonne par hectare en 2050 et 2090 », expliquent les chercheurs. A terme, le Nord et l’Est seraient les zones les plus productives.

Une hypothèse transposable en France ?

Ces prévisions pourraient-elles s’appliquer au cas spécifique de la France ? Pour Jérôme Pavie, responsable du service Fourrages et Pastoralisme à l’Idele, interrogé à ce sujet lors d’une conférence de presse organisée le 11 avril, sur le programme Cap Protéines, cette « hypothèse est encore assez éloignée ». Actuellement 150 000 hectares sont cultivés en soja dans l’Hexagone. « Dans un avenir proche, je ne vois pas comment nous pourrons remplacer les 3,5 Mt de tourteaux de soja importés, cela devra passer par des choix radicaux sur les assolements et les modes de production ».