L’élevage pointé du doigt dans le plan de pollution de l’air
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Près de 42 000 décès par an sont dus à la pollution de l’air par les particules primaires fines PM 2,5* selon le rapport de Martial Saddier, président du Conseil national de l’air, remis à Nathalie Kosciusko-Morizet le 29 novembre. La ministre de l’Ecologie entend réduire de 30 % ces particules polluantes. Un objectif qui concerne tous les secteurs, dont l’agriculture. Cette dernière est responsable de l’émission de 21 % des particules PM 2,5 et de 97 % des émissions d’ammoniac (NH3), un autre polluant atmosphérique suivi de près par le ministère de l’Ecologie. « Le secteur agricole représente donc un poste sur lequel des leviers d’actions doivent se concrétiser, même si la faisabilité technique n’est pas toujours facile », reconnaît Martial Saddier. Couvrir les fosses à lisier Pour l’Institut national de la recherche agronomique, Inra, on connaît peu les facteurs d’émission des particules primaires, au contraire de l’ammoniac. Sur ce point, l’adaptation de l’alimentation aux besoins des animaux selon leur croissance constitue un levier majeur. Autre solution proposée par le député de Haute-Savoie : le développement de la couverture des fosses à lisier. Cette technique, peu pratiquée en France et obligatoire aux Pays-Bas, permettrait de réduire selon le rapport de 70 à 90 % les émissions d’ammoniac des fosses de stockage des lisiers. Le plan de modernisation des bâtiments d’élevage (PMBE) rend éligible le financement de cette pratique. « Attention toutefois à ne pas systématiser cette solution car elle n’est pas toujours justifiée, insiste Jean-Baptiste Dollé, responsable environnement à l’Institut de l’élevage. Par exemple, les déjections bovines stockées forment une croûte qui évite la volatilisation de l’ammoniac ». Adapter le matériel d’épandage Enfin, l’utilisation des matériels d’épandage moins propices à la volatilisation dans l’air pourrait réduire la pollution atmosphérique. Selon le Cemagref, des efforts sont entrepris dans la filière porcine où 35 % des lisiers épandus font appel à des outils autres que l’aéro-dispersion. A l’inverse, peu de mesures existent en élevage bovin. « Pour les déjections bovines contenant un taux important de matière sèche, c’est plus difficile à mettre en placpoursuit Jean-Baptiste Dollé. Mais il est vrai que l’enfouissement ou l’utilisation de pendillars à la place de buses constituent une vraie solution contre la pollution de l’air et évite aussi les nuisances olfactives ». Une demande a été faite auprès de la Commission européenne pour soutenir l’achat d’épandages plus adaptés. La moitié de la population exposée Les mesures proposées par le plan Saddier devront notamment être prises en compte dans les 33 plans de protection de l’atmosphère (PPA) sur les zones en dépassement des normes de qualité de l’air. Ils concernent la moitié, environ, de la population française. Le premier PPA, issu de la Haute Savoie, soit le département de Martial Saddier, vient d’être soumis à enquête publique. Les autres doivent aboutir pour le début 2013. * Les particules fines ou PM 2,5, inférieures ou égales à 2,5 µm peuvent se loger dans les ramifications les plus profondes des voies respiratoires.