Les adventices essentielles au fonctionnement des écosystèmes agricoles
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Si les adventices peuvent nuire aux cultures, celles-ci jouent aussi un rôle clé dans le fonctionnement des écosystèmes agricoles. Notamment pour la faune sauvage et les pollinisateurs. Deux études issues du projet Disco-Weed, publiées en mai et juillet 2020, soulignent ces bénéfices et précisent les mesures à mettre en place pour favoriser leur présence sans menacer la production agricole.
Parce qu’elles entrent en compétition avec les cultures pour les ressources présentes dans le sol, les adventices ont longtemps été considérés de manière négative. Leur présence pourrait néanmoins être essentielle au fonctionnement des écosystèmes agricoles. C’est ce qui ressort du projet Disco Weed, financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB).* Une première étude issue du projet, et publiée fin mai dans Frontiers in Sustainable Food Systems, soulignait l’impact des adventices, dont la diversité permettrait de fournir simultanément plusieurs fonctions écologiques. D’aprés les données récoltées dans 184 parcelles céréalières, ces plantes favorisent le contrôle des ravageurs, la fertilité du sol ou encore la pollinisation et le nombre d’espèces d’abeilles sauvages.
Des corridors dans les zones non cultivées
Une seconde étude, publiée le 8 juillet dans Proceedings of the Royal Society B : Biological Sciences, est allée plus loin. Menée dans 444 parcelles, elle porte sur les facteurs assurant le maintien de cette diversité d’adventices dans les parcelles agricoles. Les chercheurs ont ainsi démontré que la diversité des adventices était plus importante dans les zones d’interface, c’est-à-dire celles entre la bordure de la parcelle et le premier rang de culture. De manière inédite, l’étude montre ainsi que ces zones non cultivées servent de corridors pour la biodiversité, entre les parcelles. « Ces résultats soutiennent donc des études récentes mettant en évidence le rôle clé de la configuration du paysage, notamment l’hétérogénéité des cultures, les limites des champs et la densité des lisières », précise l’étude.
Une diversité favorisée par l’agriculture biologique
Enfin, cette seconde étude souligne que plus la proportion d’agriculture biologique est élevée sur un territoire, plus la flore adventice est diverse dans ces zones d’interfaces. Et notamment dans les cultures de céréales d’hiver. Compte tenu de ces résultats, les auteurs de l’étude insistent sur l’importance de préserver ces zones d’interface et de favoriser les paysages agricoles diversifiés, avec des parcelles en agriculture biologique. « La diversité des plantes adventices étant essentielle pour la fourniture de multiples fonctions écologiques, une gestion extensive de ces zones est une stratégie pour la préserver dans les paysages agricoles », souligne Sabrina Gaba, chercheuse à l’Inrae, auteure des deux publications et porteuse du projet Disco-Weed.
Le programme Disco Weed, qui s’est terminé en 2019, a permis de collecter durant quinze années de nombreuses données sur la flore adventice, dans près de 4000 parcelles agricoles
*Les travaux ont été menés dans le Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab), en partenariat avec l’INRAE, le CNRS, les universités de La Rochelle et de Lorraine, le ministère de la Transition écologique et l’Agence nationale de la recherche.