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Les cinq objectifs scientifiques de l’Inrae pour 2030

Le | Recherche-developpement

Pesticides, biodiversité, climat, bien-être animal, bioéconomie, numérique, etc…. les dirigeants de l’Inrae ont présenté le 25 janvier leurs priorités de recherche pour les dix prochaines années. Ils annoncent des lancements de programmes de recherche qui se dérouleront dans un cadre de politique générale rénovée, donnant une plus large place aux partenariats et à l’international.  

Les cinq objectifs scientifiques de l’Inrae pour 2030
Les cinq objectifs scientifiques de l’Inrae pour 2030

Un an après la création de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, les dirigeants de l’Inrae ont présenté leur plan stratégique pour 2030. Il s’articule en cinq objectifs scientifiques, appelés OS, et trois objectifs de politique générale, OP. « Nous avons co-construit un projet collectif malgré la pandémie, se félicite Philippe Mauguin, président-directeur général, le 25 janvier lors de la présentation officielle du plan. Nous avons recueilli plus de 2600 contributions en interne. »  L’institut scientifique entend répondre aux défis de sécurité alimentaire, de changement climatique, d’environnement et de santé, notamment en rayonnant davantage à l’international. Un certain nombre de projets seront d’ailleurs soutenus par le Green deal.

Agroécologie, pesticides, bioéconomie, numérique et santé

L’Inrae a présenté ces cinq objectifs en citant des exemples de projets qui seront lancés :

  • Accélérer la transition agroécologiques et alimentaires.

La réduction des pesticides de synthèse aura une place majeure dans cet objectif. Les dirigeants citent notamment la projet Lima, pour Less input and more agroecology. Le dossier a été finalisé le 22 janvier et attend sa validation par la Commission européenne. « La concurrence est rude donc il n’est pas sûr d’être soutenu, reconnaît Philippe Mauguin. Il regroupe 58 pays sur toutes les filières avec des projets à l’échelle parcellaire et des territoires. C’est très innovant » Le projet H2020IPMWorks a pour ambition de bâtir un réseau d’agriculteurs européens sur les pratiques permettant de réduire l’usage des produits phytosanitaires, à l’image des réseaux Dephy du plan Ecophyto.

L’agriculture biologique n’est pas en reste avec le lancement cette année d’un métaprogramme et un colloque international en septembre en France.

L’Inrae n’oublie pas les productions animales, mais avec une ligne directrice précise : « En 2030 nous aurons toujours besoin de l’élevage pour une agriculture durable car il contribue à boucler le cycle biogéochimique, explique Philippe Mauguin. Toutefois, il y aura davantage de protéines végétales, et moins d’origine animale, ce qui va cibler un élevage de qualité, valorisant les parcours extensifs, moins dépendance alimentairement et portant un meilleur bien-être animal. »

  • Répondre aux enjeux environnementaux et gérer les risques associés, qui regroupe des thèmes comme le climat et la biodiversité.

Le métaprogramme Biosefair, sur la biodiversité, démarrera cette année. Avec le projet Aqualand, il étudiera notamment la contribution des insectes aquatiques pour fournir des services écosystémiques pour l’agriculture. « Des essais sont en cours sur des insectes pouvant exporter des nitrates en Bretagne », étaye le directeur de l’Inrae. Quant à Climae, il portera sur des scénarios pour adapter l’agriculture face au changement climatique d’ici à 2030.

  • La bioéconomie.

« La décarbonation de l’économie provoquera un appel d’air pour l’utilisation de la biomasse, explique Philippe Mauguin. Notre rôle sera de trouver des solutions pour ne pas mettre en danger l’alimentation et utiliser au maximum les coproduits et les résidus. » Il cite le programme Better, qui ambitionne de trouver des solutions agricoles pour répondre aux besoins des territoires urbains, ainsi que des travaux qui ont pour objectif de mieux utiliser les eaux usées.

  • La santé, dans une approche One health, en combinant les santés animale, humaine et environnementale, et en prenant en compte l’exposition des contaminants.

Le programme Prezode a été lancé lors du One Planet Summit sur la prévention des zoonoses. Il rassemble 400 participants dans 50 pays. Le projet French Gut va séquencer le microbiome intestinal de 100 000 citoyens français et de la mettre en lien avec l’alimentation. Il sera bientôt présenté officiellement.

  • Mobiliser les sciences des données et les technologies du numérique aux services de la transition.

Un travail sur la télédétection sera engagé et un livre blanc sur l’agriculture et le numérique est en cours de réalisation.

Partenariat avec les universités

Ces travaux scientifiques se dérouleront dans un contexte de politique générale rénovée. L’Inrae entend ainsi mettre la science au cœur des relations avec la société. Cinq « laboratoire partenarial associé » vont être lancés. Le premier portera sur le développement des légumineuses en Bretagne avec Terres Inovia. L’institut entend accroître sa présence dans les universités et à l’international. « Les deux tiers des unités de recherche sont déjà des unités mixtes avec des universités et des écoles, indique Philippe Mauguin. Nous avons près de 55 % de nos publications scientifiques réalisés avec des chercheurs étrangers. Notre objectif est d’arriver à deux-tiers. » Enfin la structure va engager une démarche interne de Responsabilité sociale et environnementale, qualifiée « d’ambitieuse ».