Les coûts sociaux liés aux pesticides en France estimés à 372 M€
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Selon une étude publiée en novembre, les coûts sociaux liées aux pesticides en France seraient d’au moins 372 M€. Les auteurs de ces travaux appellent à s’en saisir pour évaluer l’efficacité des politiques publiques ciblant la réduction d’usage des produits phytosanitaires, mais aussi à les reproduire pour d’autres enjeux comme les engrais ou les semences.
Alors que l’évolution de l’utilisation des pesticides en France continue de faire débat, une équipe de chercheurs du Basic et de l’Université Catholique de Louvain s’est intéressée aux coûts sociaux liées à ces pratiques, dans l’Hexagone. Selon leurs résultats , publiés dans la revue Frontiers in sustainable food systems en novembre, ces coûts représenteraient au moins 372 M€, soit 10 % du budget, en 2017, du ministère de l’Agriculture, soulignent les auteurs. Ce montant est divisé en quatre catégories de coûts : environnementaux, de santé, réglementaires et liées aux soutiens publics à la production.
Les plus grandes dépenses liées à l’environnement
Dans le détail, la plus grosse part des dépenses publiques est celle liée à l’environnement, avec 291,5 M€. Elles concernent les frais en lien avec les émissions de gaz à effet de serre, le traitement de l’eau, la protection de la biodiversité, les coûts découlant de la dégradation des services écosystémiques fournis par les pollinisateurs, l’incinération des déchets de pesticides. Des coûts qui pourraient être sous-estimés. « D’autres impacts des pesticides sont importants à mentionner, telles que la contamination des ressources aquatiques. (…) Cependant, il n’y a pas de politiques publiques identifiées spécifiquement liés à ces contaminations. Par conséquent, aucun coût ne peut être estimé sur la base des dépenses réelles liées aux politiques ou actions financées par des institutions nationales ou régionales », précise l’étude.
La santé sur la deuxième marche du podium
Le deuxième poste de dépenses est celui de la santé. Le montant de 48,5 M€ a été calculé à partir des coûts liés aux maladies dues aux pesticides chez les agriculteurs et la population générale. Les données concernant la maladie de Parkinson et le lymphome non hodgkinien ont été utilisées, car ce sont les seules maladies à être reconnues, dans la législation française, comme des maladies professionnelles pour les agriculteurs. Les coûts de réglementation (31,9 M€) et de soutien public à la production (0,4 M€) complètent le tableau. Ils concernent le fonctionnement des autorités de régulation, les budgets Écophyto et de recherche, les subventions aux producteurs de pesticides, aux agriculteurs en utilisant et la TVA dédiée.
Creuser l’enjeu des pesticides exportés
L’estimation de ces coûts sociaux n’est qu’une base minimum, car ces derniers pourraient monter, selon les chercheurs, jusqu’à 8,205 milliards d’euros. L’ambition de ces travaux dépasse néanmoins la seule annonce chiffrée. L’objectif affiché est aussi de « mettre en évidence l’intérêt d’une évaluation des coûts sociaux liés aux dépenses publiques, car celles-ci pourraient être extrêmement utiles comme outil de suivi pour les institutions publiques. De plus, suivant les tendances de ces coûts sociaux dans le temps, nous pourrions évaluer l’efficacité des politiques publiques ciblant ces impacts. »
Cette méthodologie pourrait aussi être appliqué à d’autres sujets comme les engrais, le machinisme ou les semences, citent les auteurs, ou à d’autres États membres. Les chercheurs interpellent également sur le sujet de l’impact des pesticides exportés, l’UE étant le premier exportateur de pesticides au monde (un tiers de la production mondiale annuelle).