Une étude évalue les impacts du remplacement des prairies permanentes par les cultures annuelles
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Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et Inrae cosignent une étude, publiée le 6 janvier dans la revue PNAS. Les chercheurs des deux structures ont suivi les modes d’occupation des sols de quelque 450 km² de l’ouest de la France, sur plus de 20 ans, soit 11 000 parcelles agricoles. Leur objectif : identifier les effets de la disparition des prairies permanentes au profit des cultures annuelles à long terme, « quand la plupart de ce type d’études sont focalisées sur le court terme », précise Inrae dans un communiqué.
« Dette d’extinction »
Cette approche permet notamment de caractériser une forme de latence des effets de ce changement d’affectation des sols, à travers une « dette d’extinction ». Autrement formulé, plusieurs espèces encore présentes dans les paysages agricoles n’en sont pas moins menacées de disparaître, certaines perturbations passées continuant à avoir des impacts étalés sur des décennies. Un effet retard qui accentue le déclin de biodiversité, « déjà accablant », souligné par d’autres travaux. « La présence d’habitat naturel résiduel (ex. haies, petits bois) ou alternatifs (ex. intercultures, bandes fleuries) peut ralentir un temps la dynamique d’extinction des espèces », détaillent les auteurs de l’étude.
« Sanctuariser » les prairies permanentes
Les chercheurs ont suivi les populations de plantes, d’oiseaux, d’insectes pollinisateurs et herbivores, ou encore des prédateurs comme les carabes et les araignées. L’étude établit que les dégâts liés aux pertes de prairies concernent l’ensemble de la chaîne trophique, avec des effets plus marqués « sur les espèces ayant de faibles capacités de mobilité et un régime alimentaire spécialisé ».
Selon l’institut de recherche, les conclusions appellent à « restaurer et sanctuariser les prairies permanentes afin de freiner le déclin de la biodiversité », mais aussi pour « préserver le potentiel agroécologique des paysages agricoles ».