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Pesticides, paysages et bioagresseurs, les interactions expliquées

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Etudier les relations entre biodiversité, structure des paysages et le fonctionnement des agroécosystèmes : c’est l’objectif du réseau Sebiopag, composé de chercheurs de l’Inrae . Une étude relayée le 30 juin, souligne les interactions existant entre l’utilisation des pesticides, les dispositifs paysagers et la prédation des bioagresseurs. Explications avec Benoit Ricci, l’un des co-auteurs de l’étude.

Pesticides, paysages et bioagresseurs, les interactions expliquées
Pesticides, paysages et bioagresseurs, les interactions expliquées

L’évolution des pratiques vers une moindre utilisation des pesticides pousse le développement de nouvelles approches et la prise en compte d’autres facteurs. Lancé en 2013 et regroupant des chercheurs de l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), le réseau Sebiopag a étudié les relations entre le recours aux produits phytosanitaires, la structure des paysages et la prédation de bioagresseurs par les auxiliaires de culture. A savoir : les pucerons, les œUFS de Lépidoptères et des graines d’adventices.

80 parcelles test

Ces ravageurs ont été placés dans 80 parcelles aux quatre coins de la France (Bretagne, environs de Toulouse, d’Avignon et de Dijon), cultivées en grandes cultures, prairies, arboriculture. Les modèles bio et conventionnel, ainsi que des fermes Dephy, étaient représentés dans l’échantillon. « Notre objectif était de calculer le potentiel de régulation biologique, à travers l’étude de différents sites contrastés, par leur culture, leur modèle et leur paysage », explique Benoît Ricci, co-auteur d’une étude présentant les premiers résultats du réseau. Selon celle-ci, la prédation des bioagresseurs serait bien modulée par la structure du paysage et le degré d’utilisation des produits phytosanitaires.

De fortes interactions identifiées

Ces premières conclusions, qui correspondent à l’analyse des données des années 2014 à 2016, soulignent que «  la proportion de prairies et la longueur des interfaces entre les bois et les cultures augmentent la prédation des pucerons dans les parcelles à faible utilisation de pesticides mais la diminuent dans les parcelles à forte intensité de pesticides ». Par ailleurs, la proportion d’habitats favorables aux bioagresseurs diminue leur taux de prédation, indépendamment «  du niveau d’usage de pesticides pour les graines adventices,  et uniquement dans les parcelles à faible intensité d’usage de pesticides pour les œufs de Lépidoptères ». L’étude conclut qu’une forte utilisation de phytosanitaires « peut contrecarrer » les effets positifs sur la prédation des bioagresseurs des habitats semi-naturels. « A l’inverse, la réduction de l’usage des pesticides doit s’accompagner d’une augmentation des habitats semi-naturels pour garantir un contrôle biologique par conservation efficace. »

Poursuite des travaux pour inclure davantage les agriculteurs

Les travaux se poursuivent désormais dans le cadre d’un projet Ecophyto « Leviers territoriaux » pour la période 2019-2022, afin d’étudier les données récoltées par le réseau entre 2016 et 2019. L’objectif sera d’étudier le potentiel de réduction des IFT, l’impact de l’installation de haies et de la diversification des cultures, dans le temps et sur un territoire. Un volet vigne a été rajouté pour cette seconde phase. L’ambition est de rendre plus concrets pour les agriculteurs les travaux menés au sein du réseau. « Pour l’heure notre approche est très générique, admet Benoît Ricci. Nous voulons aller plus loin, en contactant des agriculteurs, les chambres d’agriculture, les conseillers, les animateurs des réseau Dephy, pour discuter des leviers à mobiliser. » A cette fin, deux ateliers se tiendront entre cet automne et l’année prochaine : un premier pour déterminer quels leviers les agriculteurs souhaitent activer et à quel degré, un second pour discuter des résultats issus des simulations réalisées par Sebiopag suite à ce retour des agriculteurs.