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Les plantes compagnes peinent à démontrer leur intérêt pour lutter contre la JNO

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Associant de nombreux partenaires, parmi lesquels deux chambres d’agriculture départementales, la Scael et une FDGeda, le projet Iciba a creusé pendant trois ans le sujet de l’influence de trois plantes compagnes, en blé, pour lutter contre la JNO et la maladie du pied chétif. Les résultats, présentés lors d’un webinaire le 16 novembre, témoignent de l’absence de réels effets significatifs.

Les plantes compagnes peinent à démontrer leur intérêt pour lutter contre la JNO
Les plantes compagnes peinent à démontrer leur intérêt pour lutter contre la JNO

Associer des plantes compagnes au blé permet-il de lutter efficacement contre les pucerons d’automne, vecteurs de la jaunisse nanisante de l’orge, JNO, et de la maladie du pied chétif ? C’est à cette question qu’un vaste collectif d’acteurs (1) a tenté de répondre, durant trois ans (2020-2023), dans le cadre du projet Iciba, piloté par la Chambre d’agriculture du Centre-Val de Loire. Le projet a notamment été mis sur pied en réaction à l’interdiction des traitements de semences à base de néonicotinoïdes, en septembre 2018. Lors d’un webinaire organisé le 16 novembre, les partenaires ont présenté des enseignements très prudents.

Des rendements de blé en baisse

En effet, sur le volet économique, le constat est plutôt négatif. « En moyenne, l’association d’une plante compagne au blé entraîne une perte de rendement autour de 6 quintaux par hectare », indique Baptiste Crochet, de la FDGeda du Cher. Dans le détail, la baisse de rendements, dans le cadre de l’association avec l’une des trois espèces sélectionnées pour mener les essais, est de 4 q/ha pour le pois, de 6 q/ha pour la féverole et de 9 q/ha pour la vesce. Résultat : dans le cadre du projet Iciba, l’implantation de plantes compagnes a entraîné une moins value sur les revenus nets moyens, allant de 140 €/ha, en pois, à 315 €/ha en vesce. « Cela s’explique par les moindres rendements et le coût des couverts, poursuit Baptiste Crochet. Avec des semences certifiées, le déficit moyen tourne autour de 300 €/ha. »

Pas d’effets significatifs sur les viroses

En parallèle de ces enseignements économiques, aucune conclusion claire n’a pu être tirée en ce qui concerne le cœur de la problématique, à savoir la présence de viroses, en raison d’absence d’effets significatifs. « Durant les trois années du projet, la pression ravageur a été très faible, rappelle Baptiste Crochet. Nous constatons néanmoins une variabilité et des écarts-types plus importants en blé pur qu’en cultures associées, et une présence de virose deux fois plus importante en blé dur. Cela pourrait suggérer que les cultures associées seraient davantage en mesure de protéger contre de fortes attaques. Ce n’est pas démontré mais cette tendance est à souligner. »

Des bénéfices pour les auxiliaires de cultures

Du côté des auxiliaires de culture, les feux sont davantage au vert. « Le nombre d’individus capturés dans les échantillonnages nous permettent d’avoir des résultats robustes, notamment pour les carabes, souligne Flora Couturier-Boiton, chargée d’études agroécologiques au Laboratoire d’éco-entomologie. Les plantes compagnes semblent avoir un effet globalement positif, sauf dans le cas des staphylins. Il est néanmoins difficile de distinguer une plante plutôt qu’une autre, compte tenu de la forte variabilités des données en fonction des années, des sites d’essai, etc. » Au final, les porteurs du projet concluent que « la variabilité des résultats entre les sites, et la faible pression en pucerons durant le projet ne permettent pas de tirer de conclusions fermes, mais les résultats sur les insectes d’automne restent encourageants. »

La féverole à privilégier

Forts de ces différents enseignements, les partenaires du projet ont établi un itinéraire technique. Ils recommandent ainsi de privilégier la féverole, en raison de son meilleur développement et de sa plus grande résistance aux herbicides du blé. Plusieurs freins sont néanmoins soulevés, comme l’incompatibilité avec la gestion phytosanitaire du désherbage, la levée difficile des couverts, mais aussi, sur le plan matériel, le nécessaire recours à un semoir à semis direct.

La synthèse des résultats obtenus peut-être consultée sur le site de la Chambre d’agriculture du Centre-Val de Loire.


(1) Le projet est mené en partenariat avec les chambres d’agriculture départementales de l’Indre et du Loiret, la FDGeda du Cher, la Scael, la Fredon Centre-Val de Loire, Agrocampus Ouest et le Laboratoire d’éco-entomologie d’Orléans.