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Rapport 2018 de l’Agence française de la biodiversité : les pratiques agricoles intensives mises une nouvelle fois en cause

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Présenter à un large public l’évolution de la biodiversité en France et les « pressions majeures que les activités humaines » exercent sur celle-ci : c’est l’objet d’un recueil diffusé le 10 janvier 2019 par l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et le Service de la donnée et des études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique. Ces chiffres clés ont été obtenus à partir de 27 indicateurs de l’Observatoire national de la biodiversité (ONB).

L’enjeu est fort pour la France, qui héberge 10 % de la biodiversité mondiale et « figure parmi les dix pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées au niveau mondial, principalement en raison des pressions exercées par les activités humaines », résume le document.

L’agriculture intensive en tête de liste des pressions pesant sur la biodiversité

Les chiffres sont sans appel. Seuls 22 % des habitats naturels sont dans un état de conservation favorable, pour la période 2007-2012. En suivant les tendances sur cette période, 26 % des 5073 espèces inscrites dans la liste rouge nationale devaient être « menacées ou éteintes en France au 1er avril 2018 ».

Face à cette situation, le document met en avant un responsable : l’activité humaine, et notamment l’artificialisation des sols et l’intensification des pratiques agricoles, qui « [fragmentent] et [détruisent] les habitats naturels ». Le recueil rappelle ainsi que « la vente de produits phytosanitaires pour un usage agricole a augmenté de 12 % sur 2014-2016 par rapport à la période de référence 2009-2011. »

 Les pesticides pointés du doigt

Ces pesticides peuvent se retrouver dans l’air, le sol, les eaux ou la chaîne alimentaire, avec pour effets, selon le document : « intoxication des organismes, effets sur leur reproduction ou leur comportement, réduction de l’offre de nourriture… Ils peuvent être à l’origine de déséquilibres des écosystèmes, en affectant par exemple les populations d’abeilles et autres pollinisateurs, et plus généralement les insectes, les vers de terre, les rongeurs, les oiseaux, les poissons… » Les auteurs en appellent ainsi à « une mutation profonde des modes de production agricole et des filières », pour inverser cette tendance.

Le document note cependant une amélioration, au niveau de la pollution des cours d’eau par les nitrates et les orthophosphates. Ces dernières auraient diminué, respectivement, de 11 et 50 % entre 1998 et 2016.