Les Rencontres de l'agriculture positive dissèquent les pratiques durables « à la mode »
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La cinquième édition des Rencontres de l’agriculture positive était organisée le 13 novembre à Paris par AgroParisTech et le Centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales (Céréopa). L’occasion de se pencher sur les « tendances durables » développées en agriculture depuis quelques années, leur prise sur le terrain et leur efficacité.
Jouer sur les co-bénéfices
Les intervenants ont évoqué l’importance de mettre en avant les co-bénéfices des pratiques environnementales. Le stockage de carbone dans les sols est ainsi un enjeu qui gagne en visibilité : au delà de la limitation des changements climatiques, le phénomène est bénéfique aux terres agricoles et à leur productivité. L’agriculture française progresse-t-elle en la matière ? Un modèle de l’Inra a permis d’effectuer 30 000 simulations en grandes cultures sur l’ensemble du territoire. Les parcelles concernées libèrent en moyenne 3 ‰ du carbone qui y est stocké. « Ce chiffre montre qu’il y a une marge de progrès. Derrière cette moyenne se cachent des disparités régionales. Le bassin céréalier du sud de Paris, par exemple, présente un bilan positif et stocke du carbone, à hauteur de 1 ‰ », précise Sylvain Pellerin, chercheur au département environnement et agronomie de l’Inra.
Des approches globales vectrices de complexité
Dénominateur commun aux pratiques décryptées : leur nécessaire approche globale. Depuis 2013, les exploitants du programme Carbon Dairy, visant à réduire l’empreinte carbone des élevages bovins laitiers européens, en font l’expérience. « Nos diagnostics s’appuient sur de multiples paramètres et les leviers d’action demandent souvent de revoir sensiblement le fonctionnement de l’exploitation, reconnait Catherine Brocas, chargée du projet à l’Institut de l’élevage. La réussite passe par là, mais c’est une démarche lourde. »
Une approche globale est-elle nécessairement vectrice de complexité ? Patrick Veysset, membre du réseau mixte technologique SPyCE (pour systèmes de polyculture élevage), partage cet avis. « Coupler la polyculture et l’élevage réduit les impacts sur l’environnement tout en augmentant la résilience économique par rapport à l’élevage seul, explique-t-il. Mais cela impose d’opter pour des compromis nécessitant une approche pluridisciplinaire. » Le chercheur suggère de sensibiliser les agriculteurs de demain à ces approches complexes dès leur formation.
Plus que de simples modes
Invité à présenter le virage numérique en agriculture, Christophe Guizard, chercheur en capteurs optiques pour l’Irstea, l’affirme : « Le digital n’est pas qu’une mode ! C’est un outil qui intègre pleinement les changements de pratiques en cours d’adoption pour répondre aux attentes environnementales. » Selon les intervenants, la prise en compte de l’environnement est désormais généralisée et irréversible. Elle structure le fonctionnement de l’ensemble des secteurs, agriculture comprise. Ainsi, toute démarche permettant de progresser en la matière compatible avec l’impératif économique des exploitations présente des gages de durabilité… dans le sens temporel du terme.