Les rendements stagnent, c’est la faute au climat
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__Depuis 1992, les rendements du blé stagnent bel et bien dans l’Hexagone.__ Selon les experts de l’Inra et d’Arvalis, qui s’exprimaient lors d’un colloque organisé au Salon de l’agriculture le 24 février, l’ajustement de la fertilisation azotée et de la protection phytosanitaire ne sont pas en cause. Le changement climatique serait le responsable». C’est ce que montre notamment la mise en relation des écarts de rendements du blé avec les variations inter-annuelles du déficit hydrique à montaison. De la variété, aux dates de semis en passant par la diversification de la rotation, de nombreuses pistes restent à explorer pour renverser la tendance. Comme l’a rappelé Guy Riba, directeur général délégué de l’Inra, « ces stratégies sont compatibles avec une agriculture à haute valeur environnementale. Il faut en vérifier la cohérence à l’échelle de l’exploitation, du bassin de production, à l’échelle de chaque filière ». Y.R. % %% Gilles Charmet, de l’Inra de Clermont-Ferrand dresse le constat : « entre 1950 et 1980, les rendements ont progressé de 2 à 7 quintaux/ha. En 1996, ils ont commencé à patiner, et régressent même légèrement depuis 2000. » Les sécheresses et les fortes températures estivales, notamment lors des périodes critiques de formation et maturation du grain, contrecarreraient donc les avancées technologiques. Car pour les chercheurs c’est la seule explication puisque qu’en isolant les autres facteurs jouant sur le rendement ils n’ont pas trouvé d’impact remarquable : « la réduction et le fractionnement des apports d’engrais, l’ajustement de la protection phytosanitaire n’ont pas modifié sensiblement le rendement, témoigne Philippe Gate d’Arvalis. % %% Au nord de la Loire, une baisse de 20 unités d’azote par ha limite le rendement de moins de 1 quintal. De son côté, l’économiste Jean-Pierre Butault de l’Inra-AgroParis -Tech, Grignon, a analysé le comportement d’achat des agriculteurs au fil des réformes de la Pac. La stagnation des rendements pourrait correspondre à l’effet d’une baisse des prix agricoles et d’un moindre investissement dans les intrants. Mais, dans les grandes cultures, de nombreux travaux ont montré que l’utilisation des intrants dépend peu de leurs prix relatifs. Par exemple, les achats d’engrais et produits phytosanitaires en blé sont restés quasiment constants, malgré leur hausse de prix.