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L’IAD met en avant l’agriculture de conservation pour préserver les sols

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Les 7es rencontres internationales de l’agriculture durable, organisées par l’IAD (Institut de l’agriculture durable) le 29 janvier, ont mis avant la préservation du sol, considérée par les organisateurs comme « la clé de l’agriculture ». « Perte des terres agricoles, érosion, inondation et salinisation augmentent de manière effrayante », a expliqué Guy Riba, ancien délégué général de l’Inra. Face au défi du réchauffement climatique, le sol est un support agricole à protéger qui peut jouer le rôle de puits de carbone et pallier aux conséquences néfastes d’une hausse des températures. « Avec les projections actuelles des experts climatiques comme le Giec, les rendements devraient baisser de 2 % pour le blé et 20 % pour le maïs », alerte Jean-François Soussana, directeur scientifique environnement de l’Inra. Limiter l’impact du réchauffement sur la production L’agriculture de conservation, dont le fondement principal est le semis direct sous couvert, a été présentée comme un levier efficace pour redonner de la vie au sol et limiter l’impact du réchauffement climatique pour l’agriculture. « 500 galeries de vers de terre par m² équivaut à un tuyau d’arrosage de dix centimètres de diamètre », explique Joël Joffre, directeur de la société Agrinputs. En effet, l’augmentation de la matière organique des sols permet une meilleure rétention de l’eau, et le couvert végétal évite l’évaporation appréciable en période de sécheresse. D’ailleurs, les agriculteurs qui ont fait le choix de cette technique citent le réchauffement climatique comme motivation majeure. « Dans la plaine du Pô en Italie, les pluies sont de plus en plus intenses : il faut que les sols puissent absorber l’eau, et éviter l’érosion », explique Anna Trettenero, agricultrice et présidente de l’association italienne de l’agriculture de conservation. A la clé également, des économies de carburants par une moindre utilisation de tracteurs. « J’économise 70 litres de diesel par hectare et par an, soit une diminution de 75 tonnes équivalent CO2 de carbone/ha/an », se réjouit Gabriella Cruz, agricultrice et présidente de l’association portugaise de l’agriculture de conservation. La pratique s’envisage sur le long terme. « J’ai démarré en 2005 et je ne vois les bénéfices que maintenant », explique Anna Trettenero. Surtout, un arrêt de la pratique provoquerait un déstockage du carbone du sol. Les agriculteurs demandent des variétés plus adaptées Alors qu’elle est répandue sur le continent américain, avec 25 millions d’hectares soit 85 % de l’agriculture de conservation dans le monde, la technique a plus de mal à prendre en Europe. Une des causes relevées lors de cette journée : la génétique variétale. Les agriculteurs réclament la mise en marché de variétés mieux adaptées à l’agriculture de conservation. « En tournesol, cela ne marche pas », a interpellé un agriculteur de Haute-Garonne présent dans la salle. Michel Boucly, directeur général adjoint d’Avril et qui a passé une partie de sa carrière dans le secteur semencier, le recommande : « Il faut que vous communiquiez davantage sur vos besoins génétiques en agriculture durable auprès des semenciers. Il travaille sur le long terme en essayant d’anticiper les évolutions de marché. » L’Inra réclame de son côté la production de cartographie des sols, à disposition des exploitants.