L’impact des retenues d’eau, des mécanismes complexes encore à caractériser
Le | Recherche-developpement
Une quinzaine d’experts mobilisés par l’Inra et l’Irstea, un millier de documents consultés, et un objectif : caractériser l’impact cumulé des retenues d’eau sur leur milieu. C’est le cadre de l’Esco (expertise collective) dont les conclusions ont été rendues le 19 mai. « Beaucoup de travaux portent sur les effets d’une retenue isolée, a introduit François Mitteault, directeur de l’eau et de la biodiversité au ministère de l’Environnement, commanditaire de l’étude. Or, de nombreux territoires en compte plusieurs. Cette dimension méritait un focus. »
Pas d’indicateur direct pour mesurer les impacts
Quatre experts en hydrologie, qualité physico-chimique de l’eau, biologie et écologie ont confirmé que dans leurs disciplines respectives, le milieu est bel et bien impacté, relevant des effets complexes, diversifiés et dépendant de plusieurs facteurs, à commencer par l’emplacement de la retenue. « Ces modifications peuvent être problématiques s’ils affectent un cours d’eau déjà fragilisé », relève le rapport, qui ne va pas plus loin mais évoque un cadre méthodologique à développer au cas par cas. Cette méthodologie consiste en une approche à deux échelles emboitées : le bassin versant dans son ensemble, et les sous-bassins à risque, afin de bien cerner et hiérarchiser les enjeux.
Le verdict est cependant réservé : « Le déficit de données en la matière limite le nombre d’indicateurs pertinents qui permettrait de mesurer d’emblée l’impact d’un ensemble de retenues sur le même bassin », conclut le rapport. La grande diversité des ouvrages relevés en France, et l’hétérogénéité du volume de données sur chacun d’entre eux est une des difficultés pour définir un tel indicateur.
Alors que le sujet des retenues monte en puissance, avec des fortes attentes sur le terrain depuis la levée du moratoire, les responsables de l’expertise espèrent valider les atouts de cette approche au cours de la prochaine phase, plus opérationnelle, de l’Esco.