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L’Inra lance un outil pour évaluer les exploitations en polyculture-élevage

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L’outil Nicc’el sera mis à disposition des conseillers en juin 2020. Il a pour objectif d’évaluer le niveau de couplage entre les cultures et l’élevage - d’où son acronyme - dans les exploitations. « Nous nous sommes rendu compte que l’orientation technico-économique des fermes en polyculture-élevage, ou uniquement en élevage, ne reflétait pas la réelle interaction entre l’atelier culture et élevage », explique Gilles Martel, chargé de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique, Inra. La mise au point de cet outil entre dans le cadre du projet Casdar Red Spyce pour « résilience, efficacité et durabilité des systèmes de polyculture élevage », qui rassemble l’Institut de l’élevage (Idele), AgroTransfert ou encore l'Acta. Les scientifiques ont donc cherché à évaluer dans les exploitations le niveau de bénéfices rendus par la polyculture-élevage liés au bouclage des cycles.

Dix indicateurs pour évaluer les fermes

Le travail a démarré en 2017, à partir de trois bases de données rassemblant 1190 fermes. Les experts ont bâti un modèle pour qualifier les structures avec dix indicateurs :

  • Quatre portent sur les surfaces végétales dédiées aux animaux, concernant les parts de SAU dédiées à l'alimentation animale, de maïs dans la surface fourragère, des cultures non fourragères et des cultures intermédiaires pour les animaux.
  • Trois indicateurs sont centrés sur l'autonomie alimentaire et de paillage (autonomie en concentré, somme dépensée pour l’achat de fourrage, nombre d’années avec achat de paille).
  • Trois sur l’autonomie en fertilisation des cultures : sommes dépensées pour la fertilisation des cultures, des surfaces en herbe, et part de protéagineux dans la surface non fourragère.

Les exploitations ont été regroupées en trois niveaux : couplage faible, moyen et fort. « Nous avons constaté que les exploitations qui disposent d’un couplage fort sont les plus robustes économiquement et celles qui préservent le plus l’environnement », ajoute Gilles Martel.

Une auto-évaluation difficile

Pour transférer ces résultats sur le terrain, l’équipe a décidé de construire un arbre de classification, simple à lire pour les agriculteurs. En fonction de différents critères, l’exploitant avance dans l’arborescence pour aboutir à la classification de sa ferme, parmi 15 catégories. L’arbre a été testé par 60 agriculteurs, accompagnés par leur Chambre d’agriculture. « Les exploitants ont du mal à s’auto-évaluer, indique le chargé de recherche. De manière générale, ceux qui étaient faiblement couplés ont eu tendance à se surévaluer, alors que ceux qui étaient fortement couplés se dévaluaient souvent. » L’outil va aussi permettre d’identifier des voies de progrès selon les objectifs de l’éleveur. « C’est un outil simple de diagnostic et un support d’échanges et de réflexion », ajoute le chercheur.

Cinq régions pilotes

Nicc’el montre qu’il existe une grande diversité de situations pour arriver à un couplage fort. « Toutefois, il faut moins de 21 % de surfaces en maïs, et au moins 43 % des surfaces non-fourragères dédiées à l’alimentation animale pour entrer plus facilement dans cette catégorie », précise Gilles Martel.

L’outil est en test dans les régions Normandie, Pays-de-la-Loire, Occitanie, Hauts-de-France et Grand Est. Il est en cours d’adaptation pour la filière volaille avec l’institut technique de l’aviculture (Itavi).