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L'Irstea dévoile ses préconisations pour la création d'un portail de données numériques

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Pour le ministre de l’Agriculture, la stratégie numérique doit permettre d’accompagner l’agro-écologie. De plus, face à la montée en puissance du big data, il y a urgence à ce que le monde agricole prenne en main la maitrise de ses données. C’est dans ce contexte que Jean-Marc Bournigal, président de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), a remis à Stéphane Le Foll et Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du numérique, son rapport « AgGate - Un portail de données pour l’innovation en agriculture » , le 10 janvier 2017. Il donne des préconisations sur l’outil, qui pourrait être opérationnel dans un délai de trois ans à partir du lancement du projet.

Cinq fonctionnalités

Cinq fonctionnalités du portail ont été identifiées :

  • Un « guichet unique », le cœur du projet, pour l’accès à des jeux de données d’intérêt agricole, publiques et privées, qui restent stockées sur les plateformes des propriétaires. Ce guichet assurera l’inventaire, le référencement, la recherche et le croisement des données, qui peuvent être ouvertes sous conditions, par exemple avec des licences spécifiques ou contre rétribution ;
  • Un « magasin numérique » pour un retour rapide vers les fournisseurs de données. Cet espace offrira des outils simples de traitement (statistiques, géostatistiques) ou de présentation des données (cartographie…). Il pourra donner accès à des référentiels par région, par secteur, par type d’exploitation, services gratuits destinés aux agriculteurs ;
  • Un « cloud agriculteurs » pour héberger les données professionnelles des agriculteurs ;
  • Un « espace d’échanges » entre acteurs de la profession agricole, pour partager expériences, savoir-faire, idées, etc. et pour créer une dynamique d’innovation ;
  • Une « vitrine d’OAD » assortie d’une évaluation participative. Les outils d’aide à la décision (OAD) et les services existants sur le marché seront présentés et évalués ou commentés par les utilisateurs.

Une gouvernance agricole

Le portail devrait être géré par la profession agricole afin d’assurer son appropriation, conseille le rapport. Ainsi, la gouvernance du projet reviendrait à un consortium réunissant des acteurs économiques agricoles comme les coopératives, les banques, les assurances, les structures d’investissement… Un comité d’orientation stratégique large, composé des représentants du monde agricole (syndicats, agrofournisseurs, recherche, ministères, monde de l’informatique), garantirait les conditions d’utilisation de déontologie et d’éthique du portail.

Dans ce cadre, Jean-Marc Bournigal préconise une protection juridique appropriée avec des conditions générales (CG) pour le dépôt des données et des conditions générales d’utilisation (CGU) pour les utilisateurs de ces données.

Lors de la présentation du rapport, Stéphane Le Foll a annoncé la création d’une délégation ministérielle au numérique au sein du ministère de l’Agriculture. Son objectif sera d’organiser la mise en accessibilité des données publiques du ministère et d’accompagner la profession dans la mise en place d’un portail de partage de données. Par ailleurs, un atelier visant à faire émerger une vision collective autour de ces grands enjeux partagés sera lancé lors du Salon de l’agriculture. Il mobilisera des acteurs agricoles et non-agricoles.

Le rapport sera présenté à la profession lors de la prochaine réunion du Conseil supérieur d’orientation et de coordination de l’économie agricole afin de partager les enjeux de l’open data avec l’ensemble de la profession.