L’Observatoire des résidus de pesticides, du sol à la table
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((/public/guespereau_pti.JPG|guespereau_pti.JPG|L))__Préfiguré en 1999, annoncé en 2001, lancé en 2003, il n’avait jusqu’à présent que très peu fait parler de lui. L’observatoire des résidus de pesticides a tenté de rattraper le temps perdu en présentant les multiples travaux réalisés dans son cadre, les 11 et 12 mars à Paris.__ Cet observatoire, placé sous la responsabilité de l’Afsset (1) depuis 2005, consiste en une vaste plate-forme d’expertises (il ne rassemble pas moins de 25 agences sanitaires, instituts et organismes de recherche) permettant de quantifier la présence des pesticides dans l’air, l’eau, le sol ou les aliments et de déterminer ainsi l’exposition réelle des consommateurs et des utilisateurs. C.D. 22 actions, dotées d’un budget de 3,8 millions d’euros, ont été menées dans le cadre d’un premier plan d’action, de 2006 à 2008. Le deuxième plan d’actions, dont le budget reste à définir, couvrira la période 2009-2011. Il s’intègre en toute logique dans le plan Ecophyto 2018 et devance l’un des points du « paquet pesticides » européen, qui enjoint à chaque pays de se doter d’un observatoire. Entre présentations scientifiques et volonté de simplification, ce colloque a mis en évidence la difficulté à informer d’une manière pédagogique sur des sujets aussi complexes que polémiques. L’essentiel des travaux porte sur les outils de mesures, avec un nombre de variables considérable : dangerosité des molécules, pratiques des agriculteurs, diffusion dans le milieu etc. On est donc encore loin d’une évaluation des risques pour les citoyens. Une chose est certaine : les substances actives se retrouvent à peu près partout, y compris des produits comme le DDT ou le lindane interdit depuis longtemps. Revue des détails des principaux points scientifiques développés. __Première variable, et non des moindres, l’évolution des pratiques des agriculteurs__. Sur la base de « données nombreuses mais mal organisées », Laurence Guichard, de l’Inra, a souligné la difficulté d’établir des indicateurs. « Un compromis entre faisabilité et pertinence des résultats », qui l’a conduit à privilégier l’IFT, ou Indicateur de fréquence de traitement. Basé sur la pression des utilisations au niveau des agriculteurs, et non sur l’impact, L’IFT tient compte de la diminution des doses et des grammages des produits. Cet indicateur a permis d’établir l’empreinte de différents types de traitements sur grandes cultures en le ramenant aux surfaces cultivées. Les insecticides colza ou les fongicides pommes de terre apparaissent ainsi en tête de liste. Cette étude a surtout mis en évidence de fortes disparités dans les pratiques des agriculteurs. Ainsi, ce sont ceux qui ont la conduite culturale la moins à risque pour le développement de maladies (date de semis, densité, rusticité des variétés etc…) qui ont le plus recours aux fongicides (46 %), contre 30 % dans les conduites intensives. Un levier très intéressant, qui souligne l’importance de l’accompagnement des agriculteurs dans la mise en place de conduites plus économes en intrants. Chercher la présence de substances actives, dans l’environnement comme dans les assiettes, coûte très cher. D’où l’intérêt de __dresser une liste de susbtances prioritaires,__ en croisant leur dangerosité avec les pratiques réelles des agriculteurs. Tel est l’objectif d’enquêtes nationales présentées par Alexandre Nougarède, de l’Ensaia, sur les secteurs vigne, arboriculture et grandes cultures. De 198 substances utilisées en viticulture, 178 en arboriculture, 153 en cultures légumières, 250 en grandes cultures (en 2007… le chiffre étant en baisse compte tenu des retraits d’usages) on est ainsi passé à une liste de treize molécules à surveiller en priorité, au sein d’une gamme plus large de 78 molécules retenues par l’Afsset. Cette rationalisation des méthodes de mesures, de fiabilité des indicateurs étaient au centre des autres présentations, plus techniques. « Il nous faut resserer les mailles du filet », a résumé Martin Guespereau, directeur de l’Afsset. « C’est en objectivant les débats que l’on réduit les résistances », a pour sa part souligné Gilles Belurçon, représentant le ministre de l’Agriculture.