Loi d’avenir : Marion Guillou dévoile ses pistes pour le projet agro-écologique
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Marion Guillou, ancienne présidente directrice générale de l’Inra et présidente du conseil d’administration d’Agreenium, a remis le 11 juin à Stéphane Le Foll son rapport sur l’agro-écologie. Il fournit les clefs pour aller vers des agricultures doublement performantes permettant de concilier compétitivité et respect de l’environnement et servira de base pour la loi d’avenir agricole. Une loi qui voit du coup son calendrier modifié, avec des discussions parlementaires reportées à début 2014, « pour prendre le temps de concertation nécessaire », a précisé le ministre chargé de l’Agriculture. Parmi les propositions fortes de Marion Guillou, la mise en place, pour les distributeurs agricoles, de certificats d’économies en matière de pesticides. « Inspiré du dispositif des certificats d’économies d’énergie, ce système reposerait sur une obligation de réalisation d’économies en pesticides imposée aux vendeurs, a-t-elle expliqué. Pour obtenir leur certificat, les vendeurs doivent atteindre le volume de réduction fixé, ou racheter des volumes de réduction à des confrères. » Un système qui a paru séduire Stéphane Le Foll, et qui pourrait dès lors remplacer la fiscalité sur les pesticides évoquée un temps. « L’objectif est de créer une dynamique collective pour préparer l’agriculture française du troisième millénaire, a annoncé le ministre. Avec la volonté de ne plus imposer de normes environnementales a posteriori, mais de construire a priori des systèmes intégrant dès le départ productivité et respect de l’environnement. » Et ce, en privilégiant l’incitation au changement. Soutenir la prise de risque Marion Guillou, qui s’est appuyée sur des réseaux d’agriculteurs pionniers en la matière et sur des pratiques agro-écologiques existantes à l’étranger, considère que l’antinomie n’est pas entre l’économie et l’environnement. « La difficulté réside dans la technicité, les temps d’observation, la mise en place de pratiques innovantes. » Elle propose dès lors que les politiques publiques aident les agriculteurs à prendre les risques nécessaires au changement. « Le conseil agricole doit être complètement rénové, a-t-elle complété. Il faut reformer des milliers de conseillers à cette approche système. Des conseillers qui formeront par la suite les agriculteurs, réunis au sein de Groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE). » Et de souligner que d’après une enquête, 10 % des producteurs pratiquent déjà l’agro-écologie et que 58 % seraient prêts à changer leurs pratiques en étant accompagnés. Un Comité de suivi « Produisons autrement » apparemment favorable Un Comité de suivi, qui devrait se réunir deux fois par an, est en cours de constitution sur ce projet agro-écologique. Sa composition, qui devrait être plus ouvert que le CSO* élargi, rassemblerait l’ensemble des acteurs concernés : représentants du ministère chargé de l’Agriculture et de l’Ecologie, des organisations professionnelles agricoles, des organismes engagés en agro-écologie et agriculture durable, des organismes de recherche et de développement, de défense de l’environnement, des associations de collectivités locales, de consommateurs… « La discussion que nous avons eue ce matin avec les différents acteurs présents a révélé une approche favorable », a précisé Stéphane Le Foll. Reste maintenant à mettre en œuvre le projet… *CSO : Conseil supérieur de coordination et d’orientation de l’économie agricole et agroalimentaire.