« L’ozone est une possible alternative aux pesticides », Frédéric Violleau, Purpan
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Belchim Crop Protection et l’école d’ingénieurs de Purpan financent une thèse pour tester l’efficacité de l’ozone dans la lutte contre les bioagresseurs des cultures. Si les résultats ont prouvé l’intérêt de la molécule en milieu clos, les ingénieurs doivent adapter son usage pour des milieux ouverts. Explications avec Frédéric Violleau, directeur adjoint de la recherche à l’école d’ingénieurs de Purpan.
L’école d’ingénieurs de Purpan teste l’efficacité de l’ozone comme alternative aux produits phytosanitaires. La molécule présente un pouvoir oxydant supérieur à celui du chlore et son efficacité en milieu clos pour des applications en désinfection est déjà prouvée. Quid de l’agriculture ?
Oxydation des parois des bioagresseurs
« Nous avons démontré que l’ozone oxyde les parois des bioagresseurs ce qui conduit à leur mort. D’autres phénomènes comme la stimulation des défenses naturelles des plantes sont également à envisager mais n’ont jamais à notre connaissance été mis en évidence », explique Frédéric Violleau, directeur adjoint de la recherche à l’école d’ingénieurs de Purpan. Toutefois, son instabilité lui confère un inconvénient majeur pour un usage en systèmes ouverts agricoles. Dans le cadre du programme de recherche Solstice porté par la société BELCHIM Crop Protection, une thèse est en cours pour améliorer l’efficacité de la molécule en agriculture.
Des pulvérisateurs inadaptés
« En milieu ouvert, un déséquilibre de concentration en ozone entre l’atmosphère et les gouttelettes générées par la pulvérisation induit inévitablement un phénomène de désorption », explique l’école de Purpan dans un communiqué du 28 mai. Plusieurs dizaines de buses commerciales ont été testées et modélisées mathématiquement avec le concours de l’Institut national des sciences appliquées, mais aucune ne permet un apport efficace de l’eau ozonée.
Les résultats de la thèse, qui a débuté en janvier 2019, permettront d’envisager une exploitation efficace du potentiel de l’ozone, ce qu’aucun matériel disponible actuellement n’est en mesure de faire, assure l’école de Purpan. « Nous avons déjà des premiers résultats issus d’essais en laboratoire qui permettent de mesurer le transfert gaz-liquide dans les gouttelettes d’eau en cours de pulvérisation, explique Frédéric Violleau. La mesure de la forme, taille et vitesse des gouttelettes permet d’avoir des premiers éléments de réponse sur les phénomènes observés. »
Prouver l’innocuité de la molécule
Reste également à s’assurer de l’innocuité de la molécule vis-à-vis de l’environnement. « C’est une question à laquelle il faut répondre, reconnaît Frédéric Violleau. Une chose est sûre, la durée de vie de l’ozone qui se décompose en oxygène présente l’avantage d’être beaucoup moins rémanente que les produits phytosanitaires conventionnels. »
Pour en savoir plus sur l’avancée des travaux et sur les verrous qui restent à lever, l’école d’ingénieurs animera un webinaire le 11 juin en partenariat avec Agri Sud-Ouest Innovation.