Moins de protéines produites dans les systèmes avec Cive, selon Inrae et AgroParisTech
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Inrae et AgroParisTech se sont penchés sur les systèmes agricoles sans élevage alimentant des méthaniseurs, dans lesquels les agriculteurs changent leur assolement pour produire des Cive. Les bénéfices environnementaux (GES, énergie, IFT) sont réels, mais les impacts sur le potentiel nourricier de ces systèmes sont à surveiller.
Quel sont les conséquences, pour une exploitation, quand l’agriculteur décide de s’engager dans un projet de méthanisation sans élevage ? C’est la question que le ministère de l’Agriculture a posé à Inrae et AgroParisTech. Leur réponse est contenue dans un rapport publié le 27 avril. Les auteurs ont passé au crible la totalité des 11 méthaniseurs agricoles sans élevage d’Île-de-France, interrogeant 22 des agriculteurs contribuant à leur approvisionnement.
Place au maïs et à l’escourgeon
L’un des principaux enseignements tirés par Inrae et AgroParisTech tient à l'évolution des assolements, au moment de s’engager dans la méthanisation. Les cultivateurs s’adaptent pour faire de la place aux cultures intermédiaires à vocation énergétique, Cive. « Chez tous les agriculteurs interviewés, il y a eu soit une réintroduction du maïs et de l’escourgeon, ou une augmentation de la surface en maïs et en escourgeon », lit-on dans le rapport. Ces deux cultures permettent en effet l’introduction de Cive d’hiver avant maïs dont le semis est tardif, ou de Cive d’été après escourgeon dont la récolte est précoce.
Inrae et AgroParisTech relèvent une incidence sur le potentiel nourricier
Conséquence : une baisse systématique de la sole en blé, et une baisse occasionnelle pour la betterave et le colza. Partant des données collectées auprès des exploitants, Inrae et AgroParisTech ont réalisé des simulations pour en tirer des conclusions plus générales. Celles-ci montrent qu’un système agricole adapté à la méthanisation sans élevage produit moins de protéines, ce qui entraîne un impact qui « n’est pas neutre sur le potentiel nourricier », ce dernier pouvant connaître un recul allant jusqu’à 31 % selon les scénarios.
Énergie, GES, IFT : un bilan positif
En revanche, les modélisations montrent, à l’échelle de l’exploitation, que le bilan énergétique global est « largement positif », que les émissions de gaz à effet de serre globales diminuent « de façon très sensible », et que l’IFT global recule avec les modifications de l’assolement. Et ce, malgré la consommation accrue d’azote et de produits de protection à la parcelle générée par la culture de Cive.
Comme très souvent, à la fin de ce type de travail, les auteurs insistent sur le fait que de nombreuses analyses restent à mener, notamment à un niveau plus territorial, « englobant les impacts sur les filières de valorisation concurrentes des substrats extérieurs ». Inrae et AgroParisTech ont toutefois amassé suffisamment de données pour proposer une liste de 32 recommandations. Compilées dans un document à part, elles portent aussi bien sur le choix des Cive, leur conduite, et la gestion du digestat.