Panneaux photovoltaïques d’ombrage, une première mondiale sur la vigne en France
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Des expérimentations menées sur des vignes protégées par des panneaux photovoltaïques d’ombrage au Domaine de Pech Rouge dans l’Aude, et à Piolenc dans le Vaucluse, se révèlent intéressantes pour la viticulture de demain. À la clé, une atténuation des déficits hydriques, des économies en eau et des effets sur la maturation des grains. Explications avec les chercheurs de l’Inrae de Montpellier et un vigneron qui a adopté la technique.
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Thierry Simonneau, directeur de recherche à l’Inrae de Montpellier : « Face au changement climatique, les panneaux photovoltaïques sont une bonne alternative pour la viticulture de demain. »
CP : JMT[/caption]
En 2016 et 2017, dans le cadre du projet Sun’Agri mené au Domaine de Pech Rouge dans l’Aude, en partenariat avec la société Sun’R à Lyon, l’installation de panneaux photovoltaïques d’ombrage en toits fixes placés à deux mètres au-dessus d’une parcelle de vigne de merlot montre des résultats encourageants.
Ils ont permis une économie et une atténuation des déficits hydriques sévères grâce à la réduction de la transpiration de la vigne. « Nous notons des décalages phénologiques liés au rafraîchissement des plantes, un retard d’environ sept jours sur la véraison et une baisse de deux à trois degrés Brix qui correspond à la fraction en saccharose », s’est réjoui Thierry Simonneau, directeur de recherche à l’Inrae de Montpellier, au cours de sa présentation du projet à la presse, le 12 mars au Domaine de Pech Rouge.
Cette expérience montre aussi « qu’il est possible de maintenir une production identique entre les zones ombrées de façon modérée et les zones non ombrées », a-t-il ajouté.
Des plantes plus performantes
En 2019, avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et de la société Sun’R, une autre expérimentation a été conduite sur une parcelle de grenache à Piolenc dans la Vaucluse. Contrairement à la structure photovoltaïque de Pech Rouge non mobile, celle-ci comprend des panneaux mobiles. Placés à quatre mètres au-dessus de la vigne, ces panneaux peuvent être pilotés en fonction des stades phénologiques de la vigne et de la position du soleil.
Les premiers résultats indiquent « un déclenchement de l’irrigation plus tardif avec des apports d’eau réduits, une réduction des besoins et de la contrainte hydrique dans les zones ombrées comparées aux zones non ombrées », a détaillé le directeur. Sur les grappes, les chercheurs observent des baies plus grosses (+15 à 20 %), une acidité totale supérieure de 15 à 20 % et une augmentation des anthocyanes de l’ordre de 10 à 15 % dans les zones ombrées de la structure. La récolte a lieu à la même date.
Au cours des prochaines années, les chercheurs veulent tester plusieurs stratégies de pilotage des panneaux photovoltaïques afin de « mesurer leur impact sur le cycle de la vigne et sur le profil des vins obtenus », a complété Thierry Simonneau.
Un ouvrage inédit en viticulture
Pierre Escudié, vigneron au Domaine de Nidolères à Tresserre dans les Pyrénées-Orientales, a installé des panneaux photovoltaïques mobiles dans une vigne de 4,5 hectares en 2018. Placés à 4,5 mètres au-dessus du vignoble, ces panneaux permettent soit l’ombrage l’été, soit une production d’électricité l’hiver. Cet ouvrage, une première mondiale, fait baisser la température qui peut atteindre 45 °C pendant la saison estivale. Tous les jours, le vigneron est en contact avec Sun’R, située à Lyon, conceptrice de l’ouvrage, qui pilote à distance la structure. Des essais menés par la société montrent également que les panneaux photovoltaïques rallongent la maturation des raisins, baisse le degré d’alcool et rééquilibre le sucre et l’acidité dans les vins. « Si nos essais s’avèrent concluants, on peut espérer garder la typicité des vins français dans le futur », explique Sylvain Ribe, responsable de développement chez Sun’R.
José Martinez Teruel