Peste porcine africaine, un vaccin n’est pas une perspective à court terme, selon la Commission européenne
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La première réunion de la commission Agri du Parlement européen s’est tenue le 4 septembre 2024 à Bruxelles. Bernard van Goethem, directeur Gestion des crises « alimentaire, faune et flore » à la DG Santé de la Commission européenne, a fait, à cette occasion, un point sur l’avancée de la peste porcine africaine dans l’UE.
« La peste porcine africaine (PPA) existera et se répandra tant que nous ne disposerons pas d’un vaccin. Et ce n’est pas une perspective à court terme. L’Union européenne a financé cinq programmes de recherche depuis le début de l’épidémie, pour un total de 20 M€, en association avec des grands acteurs de l’industrie pharmaceutique, sans résultats pour le moment », déclare Bernard van Goethem, directeur Gestion des crises « alimentaire, faune et flore » à la DG Santé de la Commission européenne, lors de la première réunion de la commission Agri du Parlement européen, à Bruxelles, le 4 septembre 2024.
La PPA est apparue en 2007 en Géorgie, puis s’est répandue dans l’Union européenne depuis 2014. Elle a connu différents épisodes d’intensité variable. Elle est essentiellement présente à l’Est de l’Europe et connaît un regain de vigueur depuis juin 2024, où elle a fait son apparition en Allemagne (dans deux länder). Un exercice grandeur nature a été organisé à l’échelle nationale les 3 et 4 septembre 2024. En Italie, où un épisode particulièrement sévère en 2020-2021 a entraîné l’abattage de 40 000 porcs domestiques, l’épidémie connaît aussi un regain depuis le début de l’année 2024. Elle est également active en Pologne.
La PPA n’a pas touché le sol français, mais elle sévit actuellement à 78 km de la frontière, côté allemand, et à 55 km, sur le sol italien. Une campagne de prévention, initiée par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (MASA), et relayée dans les régions, rappelle les mesures de prévention essentielles.
Les spécificités de la PPA
- La PPA, apparue en 2007 en Géorgie, est hautement contagieuse et mortelle pour les sangliers et porcs domestiques. Il n’existe ni vaccin ni traitement. L’épidémie circule sur trois continents : Afrique, Asie, Europe.
- L’ampleur des abattages de sangliers et de porcs domestiques nécessaires pour l’enrayer occasionne des pertes économiques majeures, pour les éleveurs et pour les économies nationales.
Les principaux vecteurs de sa propagation
- Les sangliers sont les principaux vecteurs de propagation de la PPA, et on ne peut empêcher leurs déplacements transfrontaliers. Sans mesures de protection, l’épidémie se déplace donc d’un ou deux kilomètres par jour, soit le rayon de déplacement journalier des sangliers. Par ailleurs, les dépouilles restent contagieuses jusqu’à six mois, et la viande, consommable sans dommage par les humains, reste également porteuse du virus actif.
- Trois principaux vecteurs sont donc à l’œuvre :
- l’absence de biocontrôle dans les fermes de petite taille
- les déplacements des sangliers
- la propagation sur de longues distances par les déplacements humains
Les mesures prises à l’échelle européenne pour lutter contre
- Au sein de l’Union, les lois et pratiques sont unifiées par la loi sur la Santé animale, en vigueur depuis deux ans. Depuis le début de l’épidémie de PPA, la DG Santé, l’EFSA et l’Union européenne ont pris des mesures dédiées pour lutter contre :
- création de l’équipe EUVET (vétérinaires de l’Union européenne), une task force d’une dizaine d’experts mobilisables par les pays pour assister et coordonner les autorités sanitaires dans leurs plans d’éradication de la PPA sur leurs sols.
- cartographie et zonage précis des foyers de l’épidémie, avec la mise en place de mesures de restrictions strictes du commerce des viandes issues des zones rouges.
- recherche & développement de vaccins, avec 20 M€ investis dans 5 programmes de recherche depuis le début de l’épidémie.
Les mesures mises en place avec succès pour l’éradiquer en Suède, Belgique et République Tchèque
- Ces trois pays ont réussi à éradiquer la PPA de leur sol grâce à un biocontrôle strict de leurs élevages, et à l’abattage des sangliers présents dans les régions contaminées : il est nécessaire d’encercler totalement les zones de clôtures infranchissables pour les sangliers, et de procéder à des abattages précis, avec des équipements spécifiques (drones, vision nocturne).
- Les chasseurs, au contact de la faune sauvage, doivent être informés, et peuvent être mobilisés, s’ils sont formés.
Les avancées vers un vaccin
- Le virus de l’ASF est une anomalie virologique, qui présente un nombre conséquent de challenges pour les chercheurs engagés sur ce champ. Il est complexe et présente de nombreuses enveloppes, et nous ne disposons pas encore de son antidote ; ensuite, il faudra l’administrer par voie orale aux sangliers, ce qui sera inopérant en cas de forte chaleur, puisque les eaux s’évaporeront.
- On parle aujourd’hui beaucoup d’un vaccin développé au Vietnam, mais nous ne sommes pas sûrs qu’il serait adapté aux standards de l’UE.
- En outre, on entend dire que les effets secondaires sont loin d’être anodins.