Phloème construit l'innovation céréalière autour de la multiperformance
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« L’ambition de Phloème est de faire circuler l’innovation pour atteindre la multiperformance des exploitations céréalières. » Jacques Mathieu, directeur délégué d'Arvalis, donne le cadre des premières biennales dédiées à l’innovation en céréaliculture : Phloème. Organisé par l’institut du végétal les 24 et 25 janvier à Paris, l’évènement a réuni 600 congressistes pour construire la céréaliculture de demain. Amélioration des rendements, protection des cultures, valorisation des ressources et qualité des productions sont passées au crible pour diffuser les connaissances et renforcer les liens entre les acteurs de la recherche et les utilisateurs.
Stimuler l’immunité végétale pour réduire les phytos
Sur la protection des cultures, l’innovation se situe autour de l’immunité végétale et de l’approfondissement des régulations biologiques pour diminuer l’utilisation des produits. Christophe Clément, directeur de la structure fédérative de recherche Condorcet (agro-science, environnement et développement durable), montre par exemple que la stimulation de l’immunité végétale permet d’induire chez le blé un certain niveau de tolérance/résistance vis-à-vis des stress biotiques (maladies fongiques) et abiotiques (chaleur, sècheresse). En d’autres termes, il sera bientôt possible de protéger les blés contre la septoriose et la fusariose des épis grâce à des micro-organismes. « La maladie se développe parce que le champignon infecte la plante plus rapidement que celle-ci ne se défend, explique-t-il. Pour répondre à cela, nous stimulons ses défenses immunitaires afin que, en cas d’attaque, la plante se défende mieux, tout de suite. » Optimisées en laboratoire, ces techniques nécessitent maintenant un transfert technologique pour intégrer les pratiques culturales.
Un sol vivant, source de stockage et de minéralisation
Pour minimiser l’utilisation des ressources et maximiser l’efficience des pratiques, le sol doit être considéré comme la composante vivante majeure contributrice d’une « agro-écologie de performances ». Entre stockage de carbone et minéralisation, les services rendus par la matière organique des sols sont précieux et il faut les cultiver. C’est en tout cas le message transmis par Alain Bouthier, spécialiste sols, fertilisation et irrigation chez Arvalis, qui porte une vision renouvelée sur la matière organique du sol. Grâce à l’utilisation d’un modèle de bilan humique, AMG, les chercheurs peuvent désormais tester différentes pratiques, à moyen et long terme, sur différents types de sols, et voir les effets sur le stock de matière organique et le bilan carbone. Ce qui lui permet d’annoncer : « Nous serons en mesure d’apporter un diagnostic conseil en matière organique à horizon 2020 ! »
Plus de recherche !
Qui dit innovation, dit aussi remise en cause des processus et techniques qui en sont à la base. Sur ce point, Christian Lannou, chef du département santé des plantes et environnement à l’Inra, alerte sur le besoin en ingénierie écologique pour « construire des systèmes de protection globaux autour d’une culture. » Dans ce sens, il invite à « sortir de la parcelle et considérer le territoire pour renouveler la notion de protection intégrée. » Sur le thème de l’amélioration de la valorisation de l’azote chez le blé, un autre appel a été lancé par Jean-Pierre Cohan, responsable du département physiologie végétale, biotechnologie et phénotypage des cultures chez Arvalis : « La technologie des engrais est le parent pauvre de la recherche : il y a de la place pour des engrais efficaces et technico-économiquement performants. »
Les appels sont lancés, les innovations et les freins ont été partagés, et bon nombre de questions ont émergées entre chercheurs, enseignants, distributeurs, fournisseurs et agriculteurs. Pour cette première édition, Phloème a réussi le test de la multiperformance.