Biodiversité, la recherche attendue sur la diversification des cultures
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Les choix techniques favorisant la biodiversité cultivée demeurent peu mobilisés par les agriculteurs. Une table ronde, organisée dans le cadre des Carrefours de l’innovation agronomique, le 11 avril 2019, par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), a posé la question de l’accompagnement des agriculteurs, et des outils à leur disposition.
Manque d’indicateurs prédictifs
Première complexité évoquée, la difficile mesure de la biodiversité. « Pour rendre compte de sa diversité, la seule dimension est le nombre », souligne Christian Bockstaller, directeur adjoint de la structure Laboratoire agronomie et environnement de l’Inra. Si de nombreux indicateurs existent pour évaluer cette richesse, le chercheur regrette cependant « le manque d’indicateurs prédictifs », au sujet desquels les connaissances sont encore « éparses ». L’enjeu est donc d’accompagner les agriculteurs dans le choix des indicateurs. Néanmoins, ces derniers ne doivent pas être les seuls à agir, nuance Marie-Hélène Jeuffroy, directrice de recherche à l’UMR Agronomie à l’Inra. « Il faut reconcevoir localement les systèmes de productions agricoles, avec tous les acteurs, qui ne peuvent pas être les mêmes partout. »
Renouveler les dispositifs de partage de la connaissance
Parmi les leviers d’actions identifiés, la diversification des cultures figure en tête de liste. Mais de nombreux freins subsistent, dès le stade de la recherche. « Il y a aujourd’hui beaucoup plus de travaux de recherche sur le blé ou le maïs, et encore très peu sur des cultures telles que la luzerne, le sorgho ou le cameline, qui ne sont donc que peu cultivées », indique Marie-Hélène Jeuffroy. Des obstacles également présents au stade de la sélection (faible investissement en espèce mineures), mais aussi dans les exploitations (faibles références) et chez les distributeurs (logistique plus complexe si le nombre d’espèces augmente). Face à cette situation, la chercheuse appelle à coordonner les innovations - génétique, agronomique, de transformation - à tous ces niveaux. Avec l’objectif de dépasser un frein aussi psychologique : « Il faut s’enlever de la tête que ce changement de pratiques va être coûteux, car des preuves que cela fonctionne existent », explique Marie-Hélène Jeuffroy.
Apporter une information claire aux consommateurs
L’enjeu est enfin de valoriser ces efforts au bout de la chaîne, en faisant comprendre aux consommateurs l’intérêt environnemental de la diversification des cultures. Depuis le début des années 2010, il est possible d’intégrer aux Signes officiels de l’origine et de la qualité (SIQO) davantage de mesures agroécologiques. Mais alors qu’il existe plus de mille signes différents, Jacques Gautier, inspecteur national à l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao), alerte sur le risque de créer de la confusion chez le consommateur. « L’enjeu est désormais de réfléchir à la manière d’apporter une information lisible aux consommateurs », commente-t-il.