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Projets d’investissement d’avenir, neuf cultures et dix ans de réussite publique/privée

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Rares sont les projets de recherche à bénéficier de financement public pendant dix ans. C’est pourtant le cas des Programmes d’investissements d’avenir (PIA), lancés en 2012. Le Groupement d’intérêt scientifique « biotechnologies vertes », qui a piloté neuf de ces programmes autour de la biologie végétale, organisait un colloque pour dresser le bilan de ces projets de recherche, du 15 au 17 octobre à Paris.

«  Ces programmes se distinguent par leur temps long, nécessaire à la prise de risque et pour aller jusqu’à la valorisation des résultats. Ces derniers vont profiter à tous, acteurs privés comme publics. Ils ont permis la structuration de communautés de recherche interdisciplinaire, là encore privées et publiques, qui ont pris l’habitude de travailler ensemble », souligne Christine Cherbut, directrice générale déléguée aux affaires scientifiques de l’Inra. Ces neufs projets (1) ont bénéficié de 230 M€ de financement public et ont mobilisé plus de 90 partenaires.

Tolérance au froid et à la sécheresse

Meilleures connaissances du génome des plantes cultivées, développement d’outils de phénotypage haut débit, création de bases de données, identification de flux génétiques intéressants… les retombées positives sont déjà nombreuses et utilisables par tous, semenciers comme instituts de recherche. Plusieurs projets ont abouti au décryptage d’espèces, comme le pois avec le projet Peamust ou le tournesol avec Sunrise. Ce dernier a identifié 35 régions du génome de la plante contrôlant la tolérance au froid.

« Grace au projet Peamust, nous avons pu faire de la sélection génomique sur le pois, ce que nous n’avions pas les moyens de mener auparavant. Nous avons pu développer des variétés tolérantes au froid et anti-thrips, ravageur de l’espèce », explique Laurent Gerreiro, directeur de RAGT SEMENCES. En blé, les chercheurs du programme Breedwheat ont identifié, parmi les 12 000 blés tendres conservés dans la collection de l’Inra, 450 accessions, soit des lots de semences, peu utilisés au niveau européen et qui permettront d’apporter davantage de diversité dans les futures variétés.

Mieux orienter le choix des variétés

Ces avancées scientifiques aident les programmes de sélection, mais vont aussi permettre d'affiner le conseil aux agriculteurs. « Nous allons pouvoir mieux conseiller les variétés. Dans le cas de la tolérance au froid ou au gel par exemple, nous pourrons semer les maïs plus tôt au printemps afin d’éviter les stress de fin de cycle », illustre Philippe Gate, directeur scientifique d’Arvalis.

(1) Aker (Betterave), Breadwheat (blé), Amaïzing (maïs), BFF (biomasse), Genius (édition du génome), Phénome (phénotypage haut débit), Rhapsdyn (colza), Peamust (pois) et Sunrise (tournesol)