Protection intégrée : les grandes cultures manquent de solutions
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« Les itinéraires de protection intégrée qui sont actuellement travaillés en grandes cultures permettent effectivement de réduire l’utilisation des pesticides, mais ils conduisent à des pertes de rendement inacceptables pour les filières et ne maintiennent pas toujours les marges des producteurs ». Pour Nathalie Verjux, chef du service génétique, physiologie et protection des plantes d’Arvalis-Institut du végétal, les grandes cultures manquent de solutions. Les objectifs du plan Ecophyto 2018 ne pourraient être atteints que sur les pommes de terre. « Sur cette culture, nous savons réduire de 20 à 30 % l’utilisation de fongicides, notamment grâce aux OAD, et cette baisse pourrait atteindre 60 % lorsque les stimulateurs de défense des plantes (SDP) que nous avons testés seront homologués », a-t-elle précisé le 11 octobre, lors d’une conférence de presse consacrée à la protection intégrée. Et Nathalie Verjux de plaider pour la simplification et la réduction des coûts des homologations, ainsi que pour le classement des SDP à faible risque dans le Nodu Vert Biocontrôle, même s’ils ne sont pas d’origine naturelle. G.G. Arvalis-Institut du végétal rappelle que de nombreuses solutions existent déjà pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires : prophylaxie permettant de prévenir l’arrivée ou la propagation d’un bio-agresseur (rotation, travail du sol, choix variétal, conduite de la culture…), désherbage mécanique, lutte biologique (trichogrammes), amélioration des applications des produits grâce aux OAD, à de meilleurs équipements pour la pulvérisation… Mais ils s’avèrent actuellement insuffisants. Pour l’institut, l’arrivée d’innovations est indispensable dans tous les domaines : génétique, lutte biologique, agro-équipements, biomolécules… Des domaines sur lesquels l’institut s’investit. Contexte de réduction des phytos oblige La directive 2009/128/CE exige l’application des principes généraux de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures au plus tard le 1er janvier 2014, soit dans un peu plus d’un an. « Mais cette réglementation n’est pas la seule à conduire à la réduction d’utilisation des produits phytosanitaires, explique Nathalie Verjux. Divers éléments de contexte imposent l’élargissement de la gamme de solutions : la réduction des solutions chimiques disponibles, les restrictions d’emploi, le plan Ecophyto 2018, les difficultés techniques comme les résistances, la pression sociétale… Nous devons donc nous tourner vers une combinaison de solutions à adapter à chaque situation. » Le modèle change : il faut désormais des itinéraires de protection combinant plusieurs solutions destinées à lutter contre une combinaison de bio-agresseurs. « Sans pour autant adopter uniquement l’approche système, car l’approche analytique est parfois nécessaire : l’exemple des trichogrammes est là pour le prouver. »