Protection intégrée : priorité à la formation
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Délaisser le « un problème, une solution » pour mettre en œuvre tous les moyens à disposition afin d’éviter, en amont, le développement des nuisibles n’est pas aisé. Raison pour laquelle la clé du déploiement de la protection intégrée résulte dans la formation. Ce point a fait consensus lors de la table ronde venue conclure la 5e Conférence internationale sur les méthodes alternatives de protection des plantes organisée du 11 au 13 mars à Lille par l’AFPP (1) et la Fredon Nord-Pas-de-Calais. Poursuivre la recherche et le développement est également apparu comme une évidence, tant les solutions manquent pour construire des itinéraires complets en protection intégrée sans affecter le rendement. Pour Stéphanie Desgland d’Agridis et Mathias Sexe d’EMC2, l’agrément des distributeurs a été l’occasion de multiplier les formations des conseillers agricoles. Ces derniers ont désormais l’obligation de présenter aux agriculteurs des solutions alternatives aux produits phytosanitaires, mais ils les méconnaissent le plus souvent. « Ces solutions alternatives sont bien sûr d’autant plus faciles à conseiller que l’adhérent est demandeur, a noté Mathias Sexe. Car la prise de risque est alors acceptée. » Un manque de solutions notable « Changer de bidon est une chose, changer de système en est une autre, a ajouté Claude Maumené, d’Arvalis-Institut du végétal. Plus on s’éloigne de la lutte directe et plus il y a de freins. » Les deux agriculteurs présents à la table ronde, membres du réseau Farre (2), ont confirmé que tout le panel de solutions existantes est utilisé sur leur exploitation. « Mais lorsque les punaises des bois ont rendu 80 % de mes poires inconsommables, j’ai été obligé de réutiliser des pyréthrinoïdes par manque d’alternative », a souligné Etienne Benoît, arboriculteur dans la Meuse. Benoist Collard, céréalier dans la Marne, est quant à lui toujours à la recherche des meilleures bandes enherbées à implanter pour créer des habitats pour les auxiliaires. De leur côté, les produits de biocontrôle ne représentent que 5 % du marché de la protection des plantes, « mais notre objectif est d’atteindre les 15 % dans les cinq prochaines années », a rappelé Denis Longevialle, d’IBMA France (3). Les producteurs ont également mis en avant la nécessité, pour changer de pratiques, de ne pas rester seul sur son exploitation, de trouver de la stimulation en multipliant les échanges avec d’autres agriculteurs, conseillers, chercheurs…, d’avoir un fil conducteur et de bénéficier d’une réglementation cohérente. G.G. (1) AFPP : Association française de protection des plantes. (2) Farre : Forum des agriculteurs responsables respectueux de l’environnement. (3) IBMA France : association française des fabricants de produits de biocontrôle.