Référence agro

« Renforcer Dephy grâce au réseau européen sur la protection intégrée », Sylvain Sturel, APCA

Le | Recherche-developpement

Mettre en place un réseau européen de fermes de démonstration autour de la protection intégrée des cultures, c’est l’objectif du projet IPMWorks, lancé à l’automne. Inspiré du modèle Dephy, ce réseau, qui réunit 16 pays, est coordonné par l’Inrae et sera animé par l’APCA et la Chambre d’agriculture d’Occitanie. Sylvain Sturel, chargé des projets européens à l’APCA, précise les ambitions des chambres d’agriculture dans ce projet.

« Renforcer Dephy grâce au réseau européen sur la protection intégrée », Sylvain Sturel, APCA
« Renforcer Dephy grâce au réseau européen sur la protection intégrée », Sylvain Sturel, APCA

Référence agro : quel sera le rôle des Chambres d’agriculture dans le tout nouveau réseau européen IPMWorks, consacré à la protection intégrée ?

Sylvain Sturel :  Le projet comporte sept axes de travail et les chambres seront responsables de l’un d’entre eux, à savoir l’animation du réseau. Les autres partenaires s’occuperont par exemple de l’état de l’art et de la recherche bibliographique, de l’organisation de campagnes de démonstration sur les exploitations, de la réalisation d’une boîte à outils pour la protection intégrée des cultures, etc. Le réseau des chambres d’agriculture sera pour sa part plus spécifiquement focalisé sur la mise en place et l’accompagnement des groupes d’agriculteurs, la reconception des systèmes de cultures, la formation des animateurs des groupes dans les autres pays. Nous allons beaucoup nous appuyer sur la Chambre d’agriculture d’Occitanie. La région a des productions très diversifiées et une trentaine de ses ingénieurs est impliquée dans le réseau Dephy. Nous travaillerons par ailleurs avec l’Acta sur le contenu technique des formations. En ce qui concerne le conseil stratégique, nous allons rédiger un petit guide, pour préciser les méthodes d’accompagnement des agriculteurs, ainsi que les différentes compétences à acquérir par les conseillers. Toutefois, le contexte que nous connaissons en France sur ces sujets n’est pas le même partout en Europe : attention à ne pas dicter notre vision franco-française.

R.A. : En quoi ce projet est intéressant pour le réseau des chambres d’agriculture ?

S.S. : La création de ce réseau présente plusieurs intérêts. Tout d’abord, mettre en valeur ce que nous faisons en France avec les fermes Dephy ou le programme Ecophyto. C’est l’occasion de partager et faire connaître les méthodes utilisées, afin qu’elles puissent être adoptées ailleurs. Le réseau Dephy est très développé, nous souhaitons en faire profiter nos collègues européens. Cela aura des bénéfices pour nos partenaires mais aussi pour la France, qui pourra non seulement mettre en valeur le modèle du réseau Dephy, mais aussi renforcer son dispositif en s’inspirant des expériences menées ailleurs. Un autre intérêt est de voir comment le recours à la protection intégrée progresse dans plusieurs pays, afin de se comparer mais aussi élaborer des références communes.

Nous allons sûrement découvrir d’autres techniques de protection intégrée que nous n’utilisons pas en France. C’est également le cas pour ce qui concerne l’organisation du conseil. D’autres pays ont des manières de travailler différentes des nôtres. Le réseau Dephy dispose de l’aide de fonds publics, ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs. Globalement, nous attendons beaucoup de l’effet miroir, cela viendra nourrir nos réflexions.

R.A. : Quel impact un tel projet européen peut-il avoir concrètement ?

S.S. : Nous pensons que ce projet pourrait avoir un impact important, en encourageant le développement de dispositifs inspirés de Dephy dans d’autres pays européens. En effet, avoir un beau dispositif, mais limité à nos frontières a un impact moindre que d’avoir un dispositif un petit peu moins ambitieux mais étendu à l’échelle européenne. Nous allons aussi travailler à la création de synergies avec un autre programme européen, IPM Decisions, lancé il y a deux, auquel l’Inrae et les chambres participent. Celui-ci est dédié aux OAD utilisés pour la protection intégrée des cultures, et doit permettre la constitution d’une plateforme Internet permettant de partager et d’améliorer ces OAD au niveau européen. Nous allons bien entendu valoriser certains de ces outils dans notre réseau. Enfin, le but est aussi de mieux communiquer sur la protection intégrée des cultures, afin de faire adhérer plus largement les différents acteurs à ces pratiques, y compris les décideurs politiques.