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Santé des sols, un projet de recherche remet des vers de terre dans les parcelles agricoles

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Revitaliser les sols en y plaçant des vers de terre, c’est l’ambition du projet Revers, porté notamment par Inrae, l’université d’Avignon, la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône et l’association Argena. Il bénéficie d’un financement dans le cadre d’un appel à projets lancé par Suez, « Agir pour le capital naturel », pour lequel il a reçu le Prix « Innovation Technique et Digitale ». Explications avec Céline Pelosi, chercheur Inrae à Avignon, qui coordonne le projet.

Des travaux d’analyse du sol ont été menés dans le cadre du projet Revers, sur plus de 120 parcelles - © D.R.
Des travaux d’analyse du sol ont été menés dans le cadre du projet Revers, sur plus de 120 parcelles - © D.R.

Les vers de terre sont des indicateurs bien connus de la santé des sols agricoles. L’état de ces derniers pourrait-il donc être amélioré en y implantant volontairement ces lombrics  ? C’est à cette question que souhaite répondre le projet Revers, pour Revitalisation des sols viticoles par inoculation de vers de terre. Lancé début 2021 pour trois ans, il est animé par Inrae, la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône, l’université d’Avignon et le réseau Argena. Pour mener leurs travaux, les partenaires ont sélectionné dix parcelles jumelles, ayant reçu, ou non pour les zones témoins, au moins 10t/ha de matières organiques depuis au moins cinq ans. L’équipe a décidé de travailler en vignes car les sols y subissent souvent une diminution des taux de matière organique, une pollution historique par des produits cuivrés et une perte de biodiversité. « Nous allons dans un premier temps étudié l’impact de ces apports organiques sur les communautés de vers de terre », explique Céline Pelosi, chercheuse à Inrae et coordinatrice du projet Revers.

Inoculation de vers de terre à l’automne

Passée cette première étape, des vers de terre seront directement inoculés dans les sols. « Des initiatives de ce type ont déjà été mises en place, mais la plupart du temps avec des vers de compost, qui ne peuvent pas se maintenir dans les sols agricoles une fois la matière organique consommée », détaille Céline Pelosi. Pour ce projet, les chercheurs vont aller chercher les vers directement sous terre, mais ce ne sera pas forcément le cas des agriculteurs à l’avenir. La start-up Prodigga, s’est ainsi spécialisée, à partir de résultats de recherche Inrae, dans la production de vers de terre pouvant être utilisés pour revitaliser les sols.

Affiner les paramètres

Ces travaux permettront aux chercheurs de déterminer quelles quantités de vers de terre doivent être apportées, si cela varie en fonction des conditions pédoclimatiques, ou encore quels sont les effets associés sur le fonctionnement du sol. Un doctorant travaillant sur cette thématique rejoindra l’équipe en septembre. En parallèle de ce projet, les partenaires s’interrogent sur les déterminants de la présence des différentes espèces de vers de terre dans les sols viticoles en région Paca : pratiques agricoles, caractéristiques pédoclimatiques, propriétés physiques et chimiques des sols, etc. Pour cela, plus de 120 parcelles ont été échantillonnées et caractérisées dans toute la région.

Apporter des solutions éprouvées aux agriculteurs

La chercheuse espère que ces travaux pourront servir les agriculteurs. « Nous souhaitons réellement que nos recherches puissent être utilisées par les acteurs des territoires agricoles, plaide Céline Pelosi. Il y a un fort intérêt de la part des agriculteurs, qui sont en demande de connaissances et de solutions éprouvées pour retrouver de façon durable des sols fertiles. » En collaboration avec l’Ademe, et sur les mêmes parcelles, des indicateurs de la fertilité des sols viticoles devraient également être développés.