Référence agro

« Se situer sur les enjeux de qualité attendus en France », Séverine Darsonville, présidente de Vegepolys Valley

Le | Recherche-developpement

La fusion a été actée le 27 juin 2019. Les deux pôles de compétitivité Végépolys et Céréales Vallée-Nutravita ont donné naissance à Vegepolys Valley. Ce « pôle mondial du végétal » est ancré dans quatre régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne, Centre-Val de Loire et Pays de la Loire) et dispose d’un budget de 2,6 millions d’euros. Regroupant 520 adhérents, la structure vise la barre des 650 pour 2022. Agricultrice dans le Puy-de-Dôme et administratrice chez Limagrain, Séverine Darsonville en a été élue présidente. Elle détaille, pour Référence environnement, la stratégie du nouveau pôle.

Référence environnement : Pourquoi avoir fait le choix de fusionner ?

Séverine Darsonville : Nous nous sommes rendu compte que travailler en silo pouvait nous faire passer à côté d’innovations. Si nous prenons l’exemple du biocontrôle, cette problématique est commune à l’ensemble des productions végétales, cultures spécialisées ou grandes cultures. L’annonce du Premier ministre concernant la phase IV des pôles de compétitivité labellisés a conforté cette vision. Il encourageait les fusions de certains pôles afin de faire émerger des écosystèmes plus forts et de permettre à la France « d’atteindre l’excellence dans des secteurs clés d’avenir et de se doter de filières économiques plus compétitives. » La naissance de Vegepolys Valley est une réponse à cette ambition mondiale pour la filière.

R.E. : Quels types de projets allez-vous développer ?

S.D. : Sept axes d’innovation ont été définis. La sélection variétale, le biocontrôle, l’agroecologie, l’agriculture urbaine occupent une grande place dans nos axes d’innovation. Les bioplastiques font partie des projets actuellement mis en place. Les compétences en la matière étaient plutôt du côté de Céréales Vallée-Nutravita, pour les plastiques de paillage en maïs semences en Auvergne. Mais le secteur du maraîchage et les pépiniéristes sont également intéressés. Nous réfléchissons aussi à la robotique, notamment pour le désherbage. Si ces outils sont très utilisés pour le maraîchage, nous voudrions les développer sur les grandes cultures ou le maïs semences. Enfin, la mutualisation des connaissances et des solutions sera mise à profit pour développer des innovations dans le secteur du biocontrôle.

R.E. : Quelle est la place de l’innovation pour le secteur du végétal, face à des exigences d’une plus grande durabilité des modes de production ?

S.D. : Les préoccupations de beaucoup de pays concernent aujourd’hui les moyens de nourrir une population grandissante. En France, les regards sont plutôt tournés sur l’aspect qualité. Nos ambitions sont en cohérence avec cette situation, la majorité de nos projets et de nos adhérents se situent en France. Les schémas durables feront l’innovation de demain et c’est ce à quoi s’attachera le pôle Vegepolys Valley. Concernant les bioplastiques, un certain nombre d’acteurs travaillent aujourd’hui, au sein du pôle, à substituer des molécules issues de la pétrochimie par d'autres biosourcées. Il existe un panel de solutions végétales, pour la médecine, la cosmétique, la biotransformation… Le végétal est à la croisée de nombreux défis actuels.

R.E. : Vegepolys Valley est qualifié de « pôle mondial du végétal ». Pourquoi ce caractère international ?

S.D. : Nous souhaitons valoriser nos compétences à l’international. Vegepolys avait des bureaux hors de l’Europe. L’ambition est de s’appuyer sur ce début d’implantation. Pour cela, Yves Gidoin, l’ancien président de Vegepolys, a été nommé vice-président en charge de l’international. Un poste dédié au développement à l’international a également été créé. Cette présence au-delà de nos frontières se fera via la proposition de solutions, mais aussi la création de partenariats avec des universités ou centres de recherche étrangers. Cette ambition internationale est un des axes d’action identifiés pour atteindre les 650 adhérents en 2022. Nous avons également créé un poste à Lyon pour dynamiser la région Rhône-Alpes où se trouvent de nombreuses productions correspondant aux compétences du Vegepolys Valley. Enfin, nous souhaitons valoriser l’aspect territoire. Les adhérents des deux anciens pôles se recoupaient peu. Les exploitants des deux territoires réunis auront désormais plus d’occasions d’avoir accès à des innovations les intéressant.