Un parasite prometteur à l’étude contre la sésamie du maïs
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Des essais ont été menés entre 2018 et 2022 pour évaluer l’efficacité d’un parasitoïde, originaire d’Afrique, contre la sésamie du maïs. Les résultats, prometteurs, de ces expérimentations, menées sous serre, ont fait l’objet d’une présentation le 3 novembre, à Phloeme. Les chercheurs attendent désormais l’autorisation de poursuivre leurs travaux en conditions réelles.
Troisième insecte ravageur du maïs, derrière le taupin et la pyrale, la sésamie est responsable chaque année de 300 000 tonnes de pertes en France, et la cible de 30 % des traitements insecticides, soit 150 000 hectares. Un ravageur qui occupe de plus en plus de terrain, depuis les années 1990. « Nous observons une recrudescence des populations de sésamies dans le quart sud-ouest du pays et une expansion vers le Nord, le long de la façade Atlantique », explique Laure Kaiser, directrice de recherche au CNRS, le 3 novembre, dans le cadre de Phloeme, à Paris. Alors qu’aucune solution de bicontrôle n’existe pour l’heure pour protéger les cultures contre la deuxième génération de sésamie, une équipe de recherche à laquelle appartient Laure Kaiser s’est intéressée à l’opportunité d’introduire un auxiliaire de culture pour s’attaquer à la sésamie. C’est l’objet du projet CoteBio, qui s’inscrit dans Ecophyto.
Un parasitoïde venu d’Afrique
Des essais, menés en serre entre 2018 et 2021, ont donc été déployés pour étudier l’action de Cotesia typhae. Ce parasitoïde des chenilles de sésamie est originaire de l’est de l’Afrique subsaharienne. « Elle est apparue comme une espèce intéressante comme agent de lutte biologique contre la sésamie en Europe, en raison de sa spécificité, de nature à limiter l’impact sur des espèces non-cibles, et parce que l’espèce C. flavipes (espèce voisine, ndlr) est utilisée à grande échelle comme agent de lutte biologique contre des chenilles foreuses de tiges de canne à sure », précise l’étude.
Évaluer l’efficacité à court et long terme
Dans le détail, les deux premiers essais (2018 et 2019) avaient pour objectif d’évaluer l’efficacité immédiate d’un lâcher de parasitoïdes. Les résultats sont plutôt encourageants. Le taux de parasitisme moyen des chenilles de sésamie est de 34 %, et le nombre de chrysalides a été quasiment divisé par deux : 51,5 % de chrysalides formées, contre 91 % pour les chenilles non exposées, pour l’essai réalisé en 2018.
Les deux derniers essais (2020-21, 2021-22) devaient permettre de voir si un seul lâcher pouvait avoir un impact sur deux générations de sésamies. Là encore, des résultats prometteurs ont été obtenus. Lors de l’essai 2021-22, « il ne restait que deux chenilles vivantes dans la serre traitée, contre 244 en serre contrôle ». De même, aucune chrysalide n’a été retrouvée, contre 11 dans la serre témoin. Les essais confirment donc qu’un lâcher initial peut être efficace sur les deux générations de ravageurs. « C’est un réel enjeu économique, souligne Laure Kaiser. Car, si un lâcher est acceptable financièrement pour les agriculteurs, ce n’est plus le cas s’il faut en réaliser deux. » Le maintien de l’activité des parasitoïdes durant toute la durée des essais est également jugée comme encourageante.
Demande d’autorisation pour expérimenter au champ
Reste à voir si ces résultats pourront être confirmés au champ. « Les conditions sous serre et celles du terrain sont différentes, rappelle Laure Kaiser. La réalisation de ces essais sera conditionné à l’autorisation d’introduire Cotesia typhae dans les champs français. » En effet, depuis 2012, l’introduction dans l’environnement français de macro-organismes non-indigènes utiles à la protection des plantes requiert une autorisation délivrée sur la base d’une estimation des risques environnementaux et des bénéfices. Une étude est en cours pour estimer l’impact de Cotesia typhae sur les espèces non-cibles et sa sensibilité aux températures hivernales. Les premiers résultats soulignent un faible impact et un bilan environnemental positif.