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Des pistes de réflexion pour déployer le label Bas Carbone

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Pour le label Bas Carbone, le décollage est en cours. Le Salon de l’agriculture a été le théâtre du lancement d’une première vague de projets, impliquant 391 éleveurs autour de la première méthodologie validée, Carbon Agri. Lors d’une table ronde organisée sur le sujet le 25 février, le chef du bureau du marché du carbone au ministère de la Transition écologique, Julien Viau, a rappelé que l’idée n’a pas toujours séduit. « Le concept est issu de la Cop 3 à Kyōto, en 1997. L’adhésion des parties prenantes n’est que beaucoup plus récente. Mais les perspectives sont là. » Et de préciser que « plusieurs autres méthodologies sont en cours de validation » en France.

Réduire les coûts liés à la collecte de données

Claudine Foucherot, chargée de projet chez I4CE, Institute for Climate Economics, reconnaît que « l’histoire débute tout juste ». Et elle liste deux axes de travail pour transformer l’essai. « Il faut s’efforcer de réduire les coûts annexes, notamment liés à la collecte des données, pour que l’agriculteur profite au maximum de cette nouvelle économie. Le numérique est un bon levier pour harmoniser les outils, objets connectés, télé-détecteurs… afin qu’une donnée soit utilisable dès la première fois où elle est captée. » Autre piste : faciliter la rencontre entre l’offre et la demande de crédits carbone.

Favoriser la mise en relation entre offre et demande

« Les entreprises potentiellement intéressées par la compensation de leurs émissions sont insuffisamment sensibilisées, note Carmen Muñoz-Dormoy, présidente du mouvement Planet A. Il existe des critiques, le label passe parfois pour un « droit à polluer », ce qui peut refroidir des entreprises, qui préfèrent du coup s’atteler à réduire leurs émissions. Mais réduire et compenser sont deux démarches complémentaires ! À nous de montrer que le label est fiable. » Pour créer de la confiance, Marie-Thérèse Bonneau, présidente de l’association France Carbon Agri, milite pour le carbone en circuit court… « Nous encourageons l’achat des crédits, par des entreprises, aux agriculteurs les plus proches : la proximité géographique rassure », estime-t-elle.

Nouvelle approche du métier pour l’agriculteur

Et côté agriculture ? « Les exploitants sont évidemment prêts à se saisir du label, affirme Maximin Charpentier, président de la Chambre d’agriculture du Grand Est. Le point de vigilance, pour nous qui les accompagnons, est de bien souligner la complexité du changement que cela peut impliquer. Produire de la matière en réduisant les émissions, c’est un nouveau métier ! » Selon lui, cette complexité tient aux liens étroits entre le cycle du carbone avec deux autres cycles : ceux de l’eau, et surtout de l’azote. Maximin Charpentier salue toutefois la mobilisation déjà engagée de plusieurs acteurs de l’agriculture, comme la coopérative Axereal, l’industriel Saipol ou encore la filière grandes cultures.