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SIA : les mesures de verdissement pour légitimer la Pac

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« La PAC ne peut pas être défendue uniquement parce qu’elle existe », a insisté Jacques Delors, invité d’honneur du colloque organisé par l’Institut national de la recherche agronomique, Inra, pour les 50 ans de la politique agricole commune, au Salon de l’agriculture le 26 février. Le verdissement des aides accordées aux agriculteurs doit permettre de légitimer davantage le budget européen de la PAC. « Les 30 % des aides directes liées à des mesures de verdissement ont été confirmés mais il reste beaucoup de travail pour que cela soit applicable », a indiqué Dacian Ciolos, Commissaire européen à l’agriculture et au développement rural. Les experts de l’Inra ont passé en revue les freins et les avantages des mesures de verdissement contenus dans le projet de réforme de la PAC. Pour Bertrand Schmitt, de l’Inra de Dijon, il manque de la cohérence entre le deuxième pilier de la PAC, la politique de développement rural et celle de cohésion. Une articulation qui pourrait être trouvée à partir des défis territoriaux  de  la  stratégie  Europe  2020. « En France, le second pilier est très agri-centré, avec des mesures de compensation allant essentiellement vers les zones d’handicap naturel, et non sur les plaines ou l’agriculture péri-urbaine », déplore également Bertrand Schmitt.  Une plus grande cohérence est aussi à rechercher avec le premier pilier. Lequel devrait cibler, selon le chercheur, les  biens  publics globaux de sécurité  alimentaire, de changement climatique, de biodiversité et de santé de la population. Diversification : pas de temps et débouchés « La mesure de diversification des assolements ne prend pas en compte la gestion dans le temps, et reste sur un assolement annuel », regrette Marie Benoit Magnini de l’Inra de Toulouse. Elle note aussi des freins industriels : gammes variétales limitées pour certaines cultures, absence de solutions parasitaires, débouchés parfois inexistants. L’allongement des rotations reste toutefois une pratique phare de l’agro-écologie, qui mérite d’être soutenue. «  Il y a besoin d’augmenter la longueur des rotations en France, puisque près de 40 % de la sole sont sur des systèmes de monocultures ou des rotations courtes », indique la chercheuse. IAE : préciser les objectifs Concernant l’insertion des infrastructures agro-écologiques (IAE), le dispositif apparaît efficace lorsque les objectifs de position dans le paysage et les moyens pour y parvenir sont précisés. « C’est le cas pour les bandes tampons le long des cours d’eau, dont l’installation permet de produire les continuités nécessaires au maintien de corridors », explique Claudine Thenail de l’Inra de Rennes. En revanche, cette spécification manque souvent pour d’autres IAE et peut rendre le dispositif moins efficace. Pour la chercheuse, les coefficients attribués par type d’IAE ne sont pas toujours justifiés. « C’est le cas pour une tourbière dont le coefficient est très fort (NDLR : 1 ha de tourbières vaut 20 ha d’IAE), mais dont les services ne seront pas à la hauteur des objectifs si cette tourbière est petite et isolée dans le paysage car elle est alors insuffisante pour assurer le maintien de populations d’espèces inféodées ».  Les politiques doivent aussi s’interroger sur la cohérence avec les trames vertes et bleues et avec la politique foncière, « puisque le maintien des IAE est aussi affaire de gestion patrimoniale ». Maintien des prairies permanentes Quid des prairies permanentes ? « L’uniformisation à l’hectare des paiements découplés et la possibilité, en cours de discussion, de primer les 50 premiers hectares  peuvent  être  des  opportunités  pour  rééquilibrer  les  aides  en  faveur  de  la  prairie permanente et des systèmes qui la valorisent, mais sans réellement compenser la moindre productivité et sans rémunérer les services rendus », indique Jean-Louis Peyraud, de l’Inra Toulouse.