Stockage du carbone dans les sols : des outils pour améliorer le conseil
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Des outils d’évaluation du carbone dans le sol devraient voir le jour dans les trois prochaines années. Le colloque de restitution du projet Solébiom, qui évalue l’impact des grandes cultures pour la bioéconomie sur le stockage de carbone, et qui s’est tenu le 7 décembre à Paris, était l’occasion d’un point sur les projets en cours. Tous ont démarré cette année, notamment sous l’impulsion financière de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, Ademe. Ils se fondent sur le calcul du bilan humique nommé AMG, bâti par l’Inra en 1993 et amélioré grâce au projet Solébiom.
Des cartes en 2021
L’outil est utilisé par Lauric Cécillon, chargé de recherche à l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), afin de construire des cartes de stockage de carbone dans les sols. Très attendues, elles devraient être finalisées pour 2021. Le projet StoreSoil C, également animé par AgroParisTech, vise par ailleurs à prédire la capacité des sols à stocker du carbone et offrir une méthodologie pour estimer leur potentiel.
La chaire AgroImpact de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) planche sur les cultures énergétiques comme le miscanthus, la luzerne ou le sorgho. La problématique ? Ces cultures doivent concilier une forte productivité et de faibles impacts environnementaux. Le projet CE-Carb doit apporter des références encore manquantes, comprendre les variations de stocks observées, évaluer les conséquences sur les émissions de gaz à effet de serre. Et surtout créer un outil de simulation de l’évolution du carbone dans les sols. « Nous devons être capables de formuler des recommandations sur les pratiques favorables ou le choix des espèces végétales, explique Fabien Ferchaud, de l’Inra. Nous voulons aussi étudier les relations entre le bilan azoté et le stockage du carbone. »
Choisir les pratiques en élevage
Le secteur de l’élevage n’est pas en reste. L’institut technique Idele se penche sur les zones d’élevage bovin dans le projet CarSolEl. L’objectif est de mieux intégrer cette problématique dans les logiciels climatiques, tel Cap'2ER. Assolement des prairies, mode de valorisation de l’herbe (date de fauche, durées de pâture, etc), fertilisation, introduction de légumineuses, travail du sol… Autant de paramètres qui peuvent impacter le stockage du carbone. Un guide pédagogique et un modèle simple de simulation sur l’effet des modifications des pratiques devraient voir le jour. Ils seront à destination des structures de conseil.
Quant aux sols viticoles, ils sont parmi les plus pauvres en matière organique ! « Un taux inférieur à 1 % n’est pas rare, avec des sols en pente, alors qu’il est de 2,9 % en moyenne pour les terres labourables », explique Jean-Yves Cahurel, ingénieur à l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) et coordinateur du projet OAD MO. Un outil d’aide à la décision est en cours de développement avec les chambres d’agriculture, le comité Champagne, l’Inra et Agrotransfert. Objectif : améliorer le conseil sur la matière organique des sols, en prenant en compte les objectifs de qualité, et acquérir des références sur des indicateurs biologiques actuellement rares en viticulture. L’OAD pourrait être étendu à l’arboriculture.